Enseignement catholique
Comprendre ce qui nous arrive, identifier les outils connus à ce jour et qui évoluent à vitesse grand V, savoir les utiliser, repérer des travaux d’élèves réalisés à l’aide de l’IA, savoir les évaluer en continuant à valoriser l’esprit critique : tels étaient les objectifs de cette journée de formation organisée à Rodez ce mercredi 5 février.
De la maternelle au supérieur, quelque deux cents chefs d’établissements et enseignants venus du Lot et de l’Aveyron, mais aussi des laïcs en mission dans les services du diocèse de Rodez ont écouté l’exposé de Luc Trunztler, présenté avec sa double casquette de professionnel dans l’univers du conversationnel depuis 2009, et de formateur “IA” auprès d’entreprises privées et d’établissements scolaires.
«J’imaginais une approche anthropologique du phénomène de l’IA» intervient Nicolas Sènes, directeur diocésain de l’Enseignement catholique, «mais nous sommes entrés dans le vif du sujet. Comment défendre, devant les parents qui nous interrogent, notre mission et continuer à développer l’esprit critique des élèves ? Comment l’IA nous pousse-t-elle à faire évoluer nos formations ?» À travers une définition, un historique et un examen des difficultés que pose l’IA, grâce à son partage de bonnes pratiques, l’expert Luc Trunztler, co-auteur avec Jean-François Delon d’un Guide de l’IA en entreprise (éditions First Interactive, décembre 2024) apporte des réponses concrètes.
«Aujourd’hui, certains assistant IA savent raisonner et tout le monde peut obtenir le même résultat. La seule façon de se différencier et de différencier les élèves : la touche personnelle, leur esprit critique, les capacités comportementales, la possibilité de se remettre en question. Aujourd’hui et encore plus demain, la méthodologie et l’auto critique feront la différence» conclut le spécialiste. Et d’ajouter que si tous les métiers reposent sur des outils, les nouvelles technologies viennent s’intégrer à ces outils qui transforment le geste métier.
Le grand défi pour l’enseignement reste la veille sur l’évolution des outils pour adapter les formations. Une analyse avec laquelle consonne Mgr Luc Meyer, venu lui aussi assister à la conférence. «Il fut un temps où, reprend l’évêque de Rodez, on construisait notre autorité d’enseignant sur un savoir acquis, des performances, un savoir-faire. S’ouvre un monde devant nous qui fait que notre métier change».
Avant de laisser les participants se répartir dans les sept ateliers thématiques et pratiques, l’évêque conclut la première partie de cette formation par une touche anthropologique. «Quand on est enseignant, parfois, on se tait dans une salle. Ce silence de l’enseignant parle parce que nous sommes présents les uns aux autres, parce que le professeur regarde le groupe, qu’il ne répond pas à une question. Ce silence est une parole. Qu’elle fonctionne ou qu’elle ne fonctionne pas, l’IA, elle, ne fait pas silence. Nous, en revanche, dans notre rapport pédagogique, dans notre rapport humain, nous parlons aussi dans nos silences. L’intelligence n’est pas simplement la modélisation d’un langage prédictif. L’intelligence est de l’ordre de la relation».
En fin de journée, Marie-Rose Garibal et Raphaël Arnal, de l’équipe de la Direction diocésaine de l’enseignement catholique Aveyron-Lot et coordinateurs de la journée se réjouissent de l’intérêt porté par les équipes éducatives à ces questions d’intelligence artificielle. «Une première journée sur le sujet — entre concepts et apports pratiques — qui en appelle certainement d’autres dans l’avenir».
Pascal Fournier
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