Petit lexique de la langue des moulins et de l’hydraulique (1/3)
Problèmes de vocabulaire et de définitions
Aujourd’hui, le «Programme de destruction massive des chaussées» engagé sur toutes nos rivières par l’adminstration nous confronte à une confusion lexicale sans précédent, qui démontre que les termes hydrauliques et géographiques de base, historiquement utilisés, ne sont pas maîtrisés. Cela se vérifie dans le document publié par la DREAL Occitanie, intitulé « Priorisation des actions de restauration de la continuité écologique sur le Bassin Adour-Garonne sur la période 2020-2027», et qui projette la destruction de 933 chaussées de moulins, rien de moins.
La chaussée y est tour à tour baptisée : barrage, seuil, chute, digue, prise d’eau, prise de barrage, déversoir, écluse ! Cette confusion caractérise aussi les mémoires et rapports publiés par les Syndicats Hydrauliques de Bassin, commandés à des bureaux d’études «spécialisés» qui ont oublié, semble-t-il, l’histoire et le vocabulaire de base de leur métier.
On regrette le temps, pas si lointain, où des Ingénieurs des Ponts et chaussées savaient faire la part des choses, en matière d’énergie et d’environnement ; l’économie française était entre autres basée sur l’exploitation de plus de 110.000 moulins à eau et usines diverses. Afin d’informer l’opinion mais aussi de rectifier la confusion ambiante, il est indispensable de présenter en quelques articles le vocabulaire hydraulique, géographique et technique. Ce sont ces définitions usuelles qui permettent en effet de comprendre le fonctionnement des moulins et des rivières.
Amont : Partie d’un cours d’eau comprise entre la chaussée et la source de la rivière, au-dessus de l’ouvrage hydraulique.
Aval : Partie d’un cours d’eau comprise entre la chaussée et la mer, au-dessous de l’ouvrage hydraulique.
Barrage : Ouvrage hydraulique (avec eau quasi-stagnante en amont, dit de faciès lentique) établi dans le lit mineur, le lit majeur d’un cours d’eau et au-delà en hauteur. C’est un obstacle hydraulique, sédimentaire et piscicole, et sa crête est partiellement déversante.
Canal d’amenée : C’est un élément essentiel de la partie amont du système hydraulique d’un moulin, le chemin d’eau qui assure la connection entre la chaussée, établie dans le lit mineur et le moulin, ou l’usine. C’est un ouvrage caratéristique des espaces à forte déclivité, des parties supérieures de bassins versants. Dans certains espaces anciennement construits, les canaux dérivés peuvent alimenter 14 moulins échelonnés sur la même dérivation, comme à Lempdes (Haute-Loire). Les sections entre les moulins sont donc alernativement dénommées, canal d’amenée et canal de fuite. Le canal de fuite du premier moulin est de fait le canal d’amenée du deuxième moulin, et ainsi de suite.
Canal de fuite : C’est l’élément essentiel de la partie aval du système hydraulique d’un moulin, le chemin d’eau qui assure la connection entre le moulin et le lit mineur de la rivière. C’est le canal principal, situé en aval des moteurs hydrauliques, collecteur des eaux utilisées ou turbinées. Dans les secteurs de rivières à forte pente (pente en %) ou en ville, le canal peut être très court, voire ne pas exister. Dans les secteurs de pentes faibles (pente en ‰) ou très faibles, il peut être très long, atteignant plusieurs centaines de mètres. Son niveau est très inférieur à celui du cours d’eau, pour assurer la hauteur de chute, et il est souvent séparé du lit mineur de la rivière par une île ou un mur maçonné nommé épi. Ce dernier protège les eaux de fuite d’un reflux parasite des eaux du lit mineur qui, autrement, provoquerait l’annulation de la chute et la perte de puissance du moulin (à suivre).
Photo : Espalion. Chaussée du Moulin d’Olt. Les fondations du moulin historique. Les deux canaux de fuite de l’usine hydraulique, tel que nous l’avons vue en 1930. A gauche de la photo, le précieux témoignage de la dalle de fonte qui supportait une turbine hydraulique. (Photo JPH Azéma octobre 2019)
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