À Chanac avec les «lions» de l’Aubrac
Revenons quelque peu en arrière : les royalistes s’étaient d’abord rassemblés près de Rieutort d’Aubrac, investi par 80 Gardes Nationaux de Marvejols. Charrier, coiffé d’un bonnet rouge orné de fleurs de lis, galvanisait ses troupes en criant «Vive le roi ! Et au diable la nation ! Vive la religion catholique !...», résumant ainsi les motifs de la révolte.
Six semaines plus tôt Jean-Baptiste l’avait précédé en criant «Vive Condé ! Vive d’Artois !» en plein Saint-Côme. L’audacieuse attaque nocturne contre Rieutort d’Aubrac est un succès, où de nombreux «patriotes» sont capturés... avec leurs précieux fusils !
Après cette première victoire, Charrier entraîne les volontaires à l’assaut de la deuxième ville de Lozère ; un jeune cultivateur de 23 ans, peut-être lui-même enrôlé se souviendra plus tard de Jean-Baptiste Pons : «il marcha de Chanac à Marvejols à la tête de 400 hommes...». Cette dernière ville est prise sans coup férir, les «patriotes» ayant fui à l’approche de centaines de royalistes déterminés au-dessus desquels flottent deux drapeaux : le blanc du roi et le rouge de la révolte.
Attaquée, Mende est aussi investie sans pertes, ses soldats et administrateurs Républicains ayant fui vers Florac, prochain objectif annoncé de Charrier. Pons a participé aux opérations, mais il n’a rien eu à faire, aucun combat n’ayant eu lieu. Les rebelles royalistes, augmentés de 200 prêtres réfractaires et des nombreux déserteurs déjà réfugiés sur l’Aubrac, sont maintenant près de 2.000. Ils luttent pour le retour du Roi certes mais surtout pour le rétablissement du culte catholique et… davantage de justice sociale !
Entretenir une telle troupe de volontaires coûte de l’argent, ne serait-ce que pour la nourriture ; mais là encore Jean-Baptiste trouve une solution ! Vers la Fête Dieu — donc autour du 31 mai — il se présenta chez le citoyen Fabre, receveur du district de Mende et «lui demanda de la part de Louis XVII la caisse constituant sa recette sous peine de mort». Un montant de 6.000 livres seulement lui ayant été remis en assignats, le jeune rebelle, toujours légaliste, lui donne en retour... un simple reçu, signé «Thomas Pons», du nom de son père décédé dix ans plus tôt !
Ensuite, devant la modicité de la somme remise, il force le receveur à se rendre auprès de Charrier, sans doute afin de se justifier, ou de produire le reste de l’argent... que les patriotes avaient en fait emporté dans leur fuite vers Florac...
Cette dernière ville devait être la prochaine cible de Charrier, mais les Républicains font maintenant peser une menace sur lui car des Gardes Nationaux aveyronnais ont pris Chanac et menacent ainsi sa liberté de mouvement. C’est donc vers cette cité que Charrier mène ses troupes. Seul un homme sur dix est armé d’un fusil ! Les autres portent des bâtons ou des faux «emmanchées à l’envers» … et ils marchent à l’arrière. De l’aveu d’un volontaire ils servaient surtout à «faire nombre»...
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