Elles ont été la préoccupation numéro 1 des Français au soir du 16 mars. Les pâtes, sempiternel porte-étendard de la cuisine de base, injustement rabaissées à leur apparente simplicité, ont soudain, n’en déplaise à Christophe, connu un "succès fou" à la seconde où le confinement a été décrété. Les clients des supermarchés se sont rués sur celles qu’ils reniaient pour bétonner leurs stocks et leurs estomacs. Conséquence : certaines grandes surfaces ont parfois rencontré des difficultés à réapprovisionner leurs rayons par les voies traditionnelles d’acheminement. Elles se sont alors tournées… vers les producteurs locaux.
Une belle commande à Millau
A Palmas d’Aveyron, près de Laissac, Florian Boubal peut en témoigner. L’agriculteur aveyronnais, qui cumule l’élevage de volailles et la fabrication artisanale de nouilles 100% fermières, a reçu il y a quelques semaines une commande de 500 paquets de la part d’une grande surface millavoise. "Ils m’ont appelé et m’ont dit qu’ils souhaitaient me référencer, qu’ils cherchaient des produits locaux. Ils m’ont fait une belle commande, ils ont joué le jeu en prenant toute la gamme. Il faudra voir si ça se maintient après ou pas", confie cet associé au sein du Gaec familial Boubal et fils.
En vérité, la commande millavoise n’a pas été suivie par d’autres grandes surfaces, du moins pour le moment. L’effet du confinement s’est surtout fait ressentir dans les supérettes, épiceries de quartier et autres boutiques de produits locaux. "Dans toutes les boutiques qui revendaient déjà nos produits, on a eu un surcroît parce que les gens en consommaient plus", constate l’agriculteur qui s’est lancé dans cette activité il y a trois ans.
4.000 paquets chaque mois
Sa production s’est considérablement accentuée depuis six mois, pour atteindre actuellement trois à quatre mille sachets par mois. "On a investi dans les machines, notamment parce que les restaurations collectives, les cantines, jouaient bien le jeu", explique Florian Boubal. Les établissements scolaires à l’arrêt, c’est un revenu en moins pour l’exploitation, qui peut tout de même compter sur un marché montpelliérain prolifique. La diversité des types de points de vente permet au Gaec de garder l’équilibre. D’autant qu’en parallèle, c’est la farine qui est particulièrement plébiscitée. "Nous avons notre propre moulin puisque nous fabriquons notre farine pour faire nos pâtes. On a été un peu démarché pour la farine parce qu’ils étaient vraiment en rupture", confirme l’Aveyronnais. Pour le reste, c’est une histoire de goût. La fabrication artisanale des pâtes fermières, faite à partir de variétés anciennes de blé, passe par une meule de pierre qui donne la farine sans conservateur. Dans l’assiette, ça fait la différence. Et on s’y connaît.
Tristan Durand (Journal de Millau)
À Espalion, les produits du Gaec Boubal et Fils (www.boubal-et-fils.fr) sont en vente chez Emilie Bessière, épicerie "Localement Bon" au 40 bis avenue d’Estaing.
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.