Chemin de Saint-Jacques de Compostelle
En 35 ans, la fréquentation des chemins de Saint-Jacques de Compostelle a connu une croissance exponentielle. Et sur la voie du Puy plus que sur toutes les autres voies françaises. Alors que dans les années 1980 il ne passait sur l'actuel GR65 que quelques originaux, voire de “drôles de pélerins”, parfois avec un âne, les chemins vers Compostelle, objets d'une tradition millénaire, sont nrevenus au goût du jour, modifiant le paysage économique des régions traversées, dont la nôtre.
3.501 pélerins à Compostelle en 1988
En 1988, lors de l'inscription des chemins sur la liste du Patrimoine Mondial de l'Unesco en raison de leur “valeur universelle exceptionnelle”, 3.501 pélerins étaient “enregistré” à leur arrivée à la cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle, en Galice. Ils étaient plus de 499.000 en 2024, une année record, en provenance de toutes les voies françaises et espagnoles. Une progression régulière, d'année en année, avec pour seule “dépression” celle des années Covid.
Année Sainte
Une année est dite “sainte” pour Compostelle, aussi appelée “année jacquaire”, quand la Saint-Jacques, l e25 juillet, est un dimanche. La fréquentation est en générale plus importante ces années-là.
2025 n’est pas une année jacquaire, mais une année jubilaire pour le Vatican, et le pape François l’a déclarée “année sainte”, donnant la possibilité aux lieux de la chrétienté qui le souhaitent de s’associaer au pélerinage romain. C’est pourquoi la porte saint de la cathédrale de Compostelle sera ouverte comme pour une année jacquaire. Peut-être la fréquentation s’en ressentira-t-elle.
Un pélerinage qui évolue
Parmi les voies françaises vers Santiago, la plus fréquentée est celle du Puy, et sur cette dernière, la portion qui a le plus la côte auprès des pélerins et autres randonneurs est celle qui va du Puy à Conques. Car au fil du temps, le pélerinage a évolué vers une randonnée qui, si elle mène encore de nombreux marcheurs jusqu'en Galice, se fait de plus en plus à la carte.
En effet, pour parcourir les 1.500 km du Puy à Compostelle, à raison de 10 à 20 km quotidiens, il faut compter un peu plus de trois mois. L'engouement des années 1980-1990 pour le pélerinage, qui n'impliquait pas systématiquement d'une démarche religieuse, mais du moins spirituelle, a d'abord concerné une population qui allait jusqu'au bout de sa démarche. En 2024, la motivation religieuse l'est encore pour 47% des pélerins arrivés à Saint-Jacques, dont 54% sont des femmes.
C'est ainsi que localement, Simone Anglade, ayant elle-même pris le chemin plusieurs fois, en a été une fervente ambassadrice, créant l'association Sur les Pas de Saint-Jacques, qui est toujours l'une des structure d'information, de mise en valeur et de promotion de la voie du Puy. Conseillère générale d'Espalion, elle avait tout à la fois découvert un univers passionnant, traversant des dizaines de régions françaises et espagnoles, au fil d'un patrimoine sans égal, et pressenti le potentiel que représentait pour la région le développement de cet hôtel long de 1.500 km.
Le développement du tourisme vert, la mise en valeur des chemins localement, via des associations, comme évoqué plus haut, ou l'Agence française des Chemins de Compostelle, avec l'appui des collectivités locales, ont à la fois répondu à une demande, fait la promotion des chemins et donné la possibilité à de nombreux marcheurs de devenir des pélerins “intermittents”. Selon l'Agence des Chemins, 52% des cheminements le sont pour une durée de 4 à 7 jours, contre 10% seulement pour plus de trois mois.
Plus de 20.000 pélerins sur le tronçon aveyronnais
C'est ainsi qu'au fil des années toute une économie s'est développée, notamment pour l'hébergement et le transport. Grâce à des compteurs installés sur des points stratégiques du GR65 depuis une dizaine d'années, on a une idée du nombre de marcheurs qui l'arpenre, sans présumer de leur destination. Les chiffres se recoupent néanmoins et d'environ 18.000 passages en 2018 à Conques, on passe à plus de 23.000 en 2023, des chiffres qui correspondent à ceux relevés en aval du Puy.
Ce pélerinage à la carte, qui permet au plus grand nombre de parcourir la voie du Puy par étapes, et non plus d'une traite, a été rendu possible par la multiplication des hébergements — environ 90 aux abords du GR65 dans sa seule portion aveyronnaise — et par l'apparition de transporteurs spécialisés, comme Compostelle Bus, créée il y a 10 ans, assure des navettes entre Le Puy (où l'entreprise est basée) et Conques, le plus souvent pour revenir au Puy, parfois pour “sauter“ des étapes.
La Malle Postale, également basée au Puy, transporte passagers et/ou bagages, permettant aux pélerins de “voyager léger”. À l'origine, l'entreprise, créée en 2009 n'avait qu'un seul véhicule entre Le Puy et Conques. Aujourd'hui, avec 27 véhicules, la Malle Postale assure 2 à 3 navettes quotidiennes jusqu'à Aire-sur-l'Adour dans les Landes ! Sans compter les autres territoires qu'elle couvre désormais ailleurs en France. De 1.200 paddagers en 2017, la Malle est passée à 25.000 en 2024.
La saison débute
Même si l'on voit passer quelques téméraires qui ne craignent pas de braver l'hiver de l'Aubrac, la saison ne débute guère avant le début, voire la mi-avril, période que la plupart des prestataires, hébergeurs ou transporteurs, ont choisie débuter la saison, qui s'achèvera globalement fin octobre, s'allongeant un peu plus vers Toussaint, selon les dates de vacances.
Les hébergeurs locaux, que ce soit à Saint-Chély, Saint-Côme, Espalion ou Estaing, voient les réservations “rentrer” depuis le début avril l'activité se préciser. Et si Gaëtan et Sophie à Saint-Côme, au gîte del Roumiou, constatent une augmentation de nombre de groupes, Élise Deprez, aux Coudercous à Saint-Chély, évoque un nombre grandissant de “dernière minute”.
Comme nous le faisait remarquer Pierre-Yves Le Guen, de la Malle Postale, les étrangers, qui représentent 15% des passagers, sont parfois surpris de ce qu'il convient parfois d'appeler une “surfréquentation”, et les pélerins ne sont pas rares à se retrouver sans hébergement, des communes comme Saint-Chély d'Aubrac ayant parfois été obligées d'ouvrir une salle pour héberger des pélerins sur le carreau par une météo pluvieuse.
Un film avec Alexandra Lamy
Enfin, il semble qu’Alexandra Lamy soit la vedette d’un film ayant pour cadre la voie du Puy, dont le tournage local aura lieu, à Saint-Côme et à Estaing, début juin. Nous vous en reparlerons (À lire par ici : Alexandra Lamy en Aveyron début juin)...
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