Pêche et environnement
Le spinnerbait
Ce leurre importé des états-unis, où il est destiné à l’origine à la pêche du black-bass, est véritablement apparu en France au début des années 2000. à cette période, sous l’impulsion de quelques compétiteurs chevronnés de pêche aux carnassiers, il a connu dans notre pays un engouement grandissant auprès des pêcheurs de brochet qui était chez nous l’espèce ciblée, puisque nous n’avons malheureusement guère de spots où le black-bass est durablement implanté, hormis quelques étangs.
De conception simple mais il faut bien le dire géniale, le spinnerbait est en quelque sorte une grosse cuiller tournante, mais nettement améliorée.
Son gros avantage par rapport à une cuiller classique est de pouvoir passer parmi la plupart des obstacles sans s’accrocher, ce qui permet d’aller provoquer directement les carnassiers au sein de leurs postes d’affûts, arbres ou arbustes immergés et plantes aquatiques — si toutefois ces herbiers ne sont pas trop denses.
C’est la conception astucieuse de ce leurre qui permet cette particularité.
Il présente deux bras en forme de V inclinés latéralement. Le bras supérieur est selon les modèles, porteur le plus généralement de une ou deux, voire parfois jusqu’à quatre palettes de cuiller en forme de feuille de saule “Willow” ou d’ongle “Colorado”, ou un panachage des deux.
La palette principale, située à l’extrémité du bras est raccordée à celui-ci par un émerillon rolling (1) afin de permettre une rotation parfaite, soit pendant la descente verticale vers les profondeurs soit pendant la récupération linéaire, plus horizontale, du leurre.
La ou les autres palettes sont montées sur un étrier, comme sur une cuiller tournante classique.
C’est le bras supérieur qui sert de déflecteur anti-accrochage en ouvrant le passage du spinnerbait à travers les obstacles.
Le bras inférieur lui, porte une tête stylisée — forme tête de poisson — qui fait office de lest. Elle est prolongée par un gros hameçon simple, de n°1/0 à 5/0, à tige longue dont la pointe est toujours dirigée vers le haut dans le même plan que le bras supérieur.
C’est cette particularité d’alignement qui lui permet de franchir aisément les obstacles en évitant les accrocs.
Entre la tête et l’hameçon, et dissimulant ce dernier, le leurre est habillé d’une “jupe” faite de brins de silicone qui lui procure un volume variable et qui arbore des couleurs plus ou moins chatoyantes destinées à attirer l’attention des prédateurs.
Dans certaines circonstances, pour apporter un supplément attractif, on peut enfiler sur l’hameçon un trailer.
Il s’agit d’un leurre souple de type virgule ou créature qui ajoutera encore du volume et du mouvement ainsi qu’une note de couleur contrastée permettant au carnassier de cibler son attaque sur l’hameçon.
En cas de ratés successifs le jour ou les poissons mordent mal, on peut adjoindre à la suite du premier hameçon, un second hameçon simple qui augmentera les chances de capture.
Cet hameçon spécial dit double chance est positionné à la courbure de l’hameçon de tête par son œillet droit et bloqué par un petit manchon en caoutchouc pour l’aligner et l’empêcher de ressortir intempestivement.
L’utilisation du spinnerbait
Comme c’est un leurre qui tire relativement fort, il est préconisé de l’utiliser de préférence avec un matériel casting avec une canne d’action assez douce.
Il permet la pêche rapide d’un maximum de postes, même encombrés, sans trop avoir à se soucier des accrochages.
L’action de pêche
Un ensemble casting permet de lancer un spinnerbait avec une grande précision sur les postes convoités en freinant son entrée dans l’eau de manière à ce qu’elle soit la plus discrète possible. Ensuite, on le laisse s’enfoncer plus ou moins profondément suivant la configuration du poste avant de récupérer.
Attention, il faut être vigilant, parce qu’il pêche aussi à la descente et peut être attaqué à ce moment là.
L’animation se fait ensuite par une simple récupération linéaire mais peut être agrémentée de variations, type dents de scies et autres fantaisies, ralentissements et accélérations, selon l’inspiration du pêcheur.
Les chocs sur les obstacles ne sont pas à redouter, bien au contraire, provoquant une virevolte soudaine du leurre, ils sont souvent un facteur déclencheur de l’attaque.
Les spinnerbaits se déclinent en toute une gamme de tailles et de poids — de 5 à 20 gr — ; ainsi que de couleurs de jupes que l’on choisira selon les conditions de pêche rencontrées : eau claire ou teintée, temps clair ou sombre, etc.
Petit inconvénient
Sur la défense d’un beau poisson, le bras supérieur lorsqu’il est en corde à piano acier peut être très malmené, se tordre et ainsi par la suite déstabiliser totalement la nage du leurre, il faut impérativement le redresser de manière à lui redonner sa nage normale.
Afin d’éviter ce problème, certaines marques proposent des spinnerbaits avec des bras en titane indéformable. Ils offrent le gros avantage de reprendre systématiquement leur forme initiale même après une forte torsion.
Le brochet, mais pas que
Même si c’est plus occasionnel, le spinnerbait permet également la capture du sandre et de belles perches.
Aussi, existent-il également des modèles de spinnerbaits plus compacts que les modèles classiques.
Ils présentent un volume moins important avec des bras un peu plus courts et une densité supérieure surtout si leur tête est en tungstène.
Leur emploi peut s’avérer intéressant face à des poissons éduqués. De surcroît, offrant moins de prise au vent, ils se lancent relativement loin.
Le spinnerbait, comme tous les leurres, n’est pas un leurre magique mais c’est en tout cas un leurre singulier formidable que tout pratiquant de pêche active aux carnassiers doit impérativement connaître et avoir dans sa boîte à pêche.
Pour les pêcheurs bricoleurs, sachez qu’il est assez simple de fabriquer soi-même ses propres spinnerbaits.
Jack TARRAGNAT
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