Les “gros mots” de Jean-Paul Pelras
Il paraît que le Chef de l’Etat éprouve de la «nostalgie» en évoquant la fin des Jeux Olympiques. Il déclarait à ce titre récemment : «Nous qui avons vécu pendant plus de deux semaines dans un pays où on a eu le sentiment que l’air était plus léger (...). On n’a pas envie que la vie reprenne ses droits». Et celui qui estime avoir vu lors de ces compétions «le vrai visage de la France» de rajouter : «Il n’y a plus d'épreuve à suivre, il n’y a plus l’enthousiasme de chaque matin».
Et oui tout à une «fin» quand, même s’il faut pour cela emprunter à quelques jeux de mots, elle ne justifie pas forcément les moyens. Ceux déployés par un énième «quoiqu’il en coûte» au pays du Tonneau des Danaïdes, des paniers percées et des vasques éclairées. Car, en attendant les Jeux paralympiques et la grande parade prévue le 14 septembre sur les Champs Elysées où seront célébrés les athlètes français, la fête est finie ! Et il faut peut-être à nouveau s’occuper un peu du pays. Autrement dit de cette France qui n’éprouve pas forcément de la nostalgie, qui n’a pas toujours profité de l’air plus léger, qui n’a pas trouvé que la vie avait perdu ses droits et encore moins ses devoirs, qui n’a pas été hypnotisée par la «parenthèse enchantée».
En attendant cet éventuel retour aux priorités, Emmanuel Macron va donc poursuivre sa saga mémorielle à l’aune du 80e anniversaire de la Libération. Avec, en Provence, la célébration des mémoires franco-française, franco-africaine et franco alliées. Viendra ensuite, le 25 août, l’anniversaire de la Libération de Paris. Évènement qui fut suivi le 31 août 1944 par l’installation dans la Capitale du gouvernement provisoire de la République française. Un gouvernement de coalition qui rassemblait communistes, socialistes, radicaux et gaullistes. Ou comment convoquer l’histoire pour tenter le «pourquoi pas» et le renouvellement de l’exploit.
Pas sûr que ce rassemblement millésimé 2024 soit d’actualité une fois les compétitions sportives terminées et les célébrations évacuées. Ce serait oublier un peu trop précipitamment les querelles de partis provoquées par la dissolution que décida le locataire de l’Elysée et par la dispersion, façon puzzle, d’une Assemblée désormais privée de majorité. Ou comment celui qui, sceptre en main, réclame la concorde après avoir lui-même organisé la discorde confond un peu trop rapidement discipline olympique et indiscipline politique.
L’automne pourrait, à ce titre, nous réserver quelques batailles plus ou moins bien rangées inédites sous la Cinquième république avec une Nation devenue ingouvernable et des Français qui n’auront plus du tout envie de «jouer». Le déni présidentiel pourrait alors rapidement se transformer en dépit circonstanciel, avec un retour assez brutal aux réalités et la sensation d’avoir confondu un peu trop vite illusion et lucidité.
Car le vrai visage de la France n’est pas forcément celui que le pouvoir et ses affidés ont voulu à tout prix montrer et imposer ces derniers temps par médias interposés. Il est celui de ceux qui travaillent jour après jour pour que notre pays puisse avancer et accéder aux podiums de l’économie mondiale. Celle qui n’éprouve jamais ni nostalgie, ni regrets.
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