Le résultat du second tour des législatives a pu effectivement apparaître surprenant, notamment par rapport aux sondages et à la dynamique du premier tour, sans oublier la continuité avec les européennes. Il n’empêche que le pays tout entier se trouve engagé dans un nouveau cycle, mais pas aussi limpide qu’affecte de le croire Jean-Luc Mélenchon, qui a tout de suite décrété que le Nouveau Front populaire devait gouverner, comme si n’existaient pas d’autres formations que celle qu’il a parrainée.
Contrairement à ce que laissaient prévoir tous les sondages, malgré un petit tassement à la fin de la semaine, le Rassemblement national est arrivé en troisième position. Le Nouveau Front populaire se trouvant en tête et la majorité présidentielle en seconde position, on en conclut logiquement que l’espèce de front uni qui a rassemblé gauche et macronistes a bien fonctionné, avec des désistements favorables aux uns et aux autres. Finalement, le chef de l’État a continué à jouer sa dernière mélodie, «à gauche toute». On oubliera les affrontements, les propos peu amènes et les comportements inattendus, tel Édouard Philippe annonçant voter pour un communiste. Une seule chose a compté : tout subordonner à la logique d’une morale décrétée républicaine pour diaboliser et contrer les candidats RN. Finalement, les appels de personnalités sportives, culturelles et médiatiques ont fonctionné. Mais pour quel résultat demain, lorsque Gabriel Attal aura été remplacé par un quatrième Premier ministre en guère plus de deux ans ?
On peut compter sur Jean-Luc Mélenchon pour rappeler ce qu’on lui doit : son discours s’est immédiatement imposé, bien préparé, bien charpenté et bien nourri, y compris par une citation de Ma France, dans laquelle Jean Ferrat évoquait aussi Robespierre et le Front populaire… Quant à Jupiter, il devient moins que jamais maître des horloges car, comme l’expliquait dès 2017 le politologue Jérôme Jaffré, «le macronisme est une pyramide qui repose sur la pointe», ce qu’ont abondamment montré sa solitude et son incapacité à utiliser des réseaux et à collaborer avec les forces vives. Lui qui a cru pouvoir laminer la gauche et la droite n’a obtenu comme résultat, pour reprendre un mot d’Anne Hidalgo, que «le chaos». D'ailleurs, dans la nouvelle Assemblée, ses partisans se sont étiolés par rapport aux fidèles d’Édouard Philippe et de François Bayrou.
Les difficultés commencent donc, surtout pour les Français. L’impossible trêve des Jeux olympiques ne pourra dissimuler les éructations de certains et les frustrations des autres. Quand on veut bien prendre conscience de l’état des lieux, l’avenir n’incite pas à l’optimisme.
Jean-Gabriel DELACOUR
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