Mobilisation
À 10h30 ce samedi, dans le jardin public, la foule grossit progressivement. Jusqu’à 11h, de nouveaux manifestants se joignent au rassemblement avant une prise de parole de l’intersyndicale. Au micro, Gaël Lafarge, secrétaire CFDT : «Le score record du RN aux européennes et la situation que nous vivons aujourd’hui, sont la lourde responsabilité du président de la République. Il a banalisé les idées de l'extrême droite, il a conduit une politique au service des puissants. (...) Nos services publics, les écoles, la recherche, le système de santé, la justice sont asphyxiés. Il devra s’expliquer devant l’Histoire.»
«Je ne peux pas voter mais je suis là», Mathias, 10 ans
À 11h, le cortège s’élance. Mathias, 10 ans, tient fièrement sa pancarte : «Pour l’écologie et contre le racisme. Je ne peux pas voter mais je suis là.» Son père glisse avec le sourire : «Au départ, il voulait un autre slogan, mais on a dit on reste poli.» Jean-Baptiste ajoute : «La montée de l'extrême droite c’est forcément inquiétant, c’est quelque chose dont on parle à la maison. On souhaite une alternative viable. Pour nous, ça sera le front populaire». Le 30 juin et le 7 juillet, c’est aussi en famille qu’ils iront aux urnes.
«À l'annonce de la dissolution, j’ai eu peur»
«La jeunesse emmerde le Front National.» C’est ce slogan, devenu un incontournable de la lutte contre l’extrême droite, qu’a choisi Estelle pour sa pancarte. L’étudiante de 22 ans a quitté Toulouse le temps du week-end avec une amie, également Ruthénoise : «Quand j’ai découvert les chiffres du RN, ça a été dur. À l’annonce de la dissolution, j’étais en pleur, j’avais peur. Je pensais que la gauche n’arriverait pas à s’unir, que ça rimait avec l’arrivée au gouvernement de l'extrême droite. Avec le Front Populaire, ça m’a redonné de l’espoir.»
Les deux jeunes femmes ne cachent pas leur incompréhension : «Autour de moi, c’est difficile d’imaginer qu’autant de jeunes votent pour le RN. Il y a déjà l’histoire en elle-même du parti. Le RN c’est le racisme, l’homophobie, l’intolérance. Leur seule préoccupation c’est l’immigration et dès qu’il faut aborder un autre sujet, ils sont à la ramasse. À chaque débat, Jordan Bardella s’est ridiculisé.» Laura et Estelle l’assurent : elles continueront de se mobiliser jusqu’au 7 juillet et elles iront voter.
Un mot d’ordre : «Votez»
Attac, Solidaires, Confédération paysanne, CGT, FSU, UNSA… les drapeaux défilent côte à côte. «C’est essentiel d’être tous rassemblés pour une cause commune» souligne Gaël Lafarge. Le syndiqué ajoute : «L’extrême droite peut arriver au pouvoir par les urnes, une fois fait, elle a du mal à repartir. On vit un moment crucial.» Une ligne que rejoint Fabrice Massoulié, secrétaire de l’union locale CGT : «On est là pour rappeler que l'extrême droite n’est pas du côté des travailleurs. La réforme des retraites ce n'est pas l'immigration qui en est la cause mais Macron. Aujourd'hui, on voit le rétropédalage de Jordan Bardella sur la suppression de la réforme des retraites. Les questions sociales pour eux sont cosmétiques.»
Interrogé sur le succès de la mobilisation, Fabrice Massoulié confie : «Il aurait fallu qu’on soit plus de 20.000 comme en 2002, mais nous ne sommes plus à cette époque. Aujourd’hui, on dit : informez-vous et faites votre choix. Après, à chacun de voter en son âme et conscience.»
Ces 15 et 16 juin, entre 250.000 et 640.000 personnes ont manifesté contre l’extrême droite partout en France sur plus de 150 rassemblements dont 6 en Aveyron.
A.C
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