Musée Soulages. À quoi s'attendre pour les 10 ans ?

«Ce musée appartient à tout le monde» soutient Benoît Decron, conservateur du Musée Soulages avant d’ajouter «Ça n’appartient pas au conservateur, ni aux élus mais au public. Si le public ne suit pas, le musée ne survit pas.» C’est avec cette conviction que l’équipe du Musée Soulages ouvre gratuitement les portes de l’édifice aux visiteurs ce week-end. 10 ans plus tôt, alors que l’établissement se dévoilait pour la première fois, 9.000 personnes s’y étaient pressées en l'espace de quatre jours. L’engouement n’a jamais cessé.

Comme une deuxième ouverture

Une fois le hall d’entrée dépassé et les quelques marches descendues, une série de photos de Pierre Soulages se dévoile. Sous le regard et l’objectif de Claude Gassian se livre le peintre ruthénois et son atelier, sur le vif. «Pierre aimait bien poser, il maîtrisait son image. Ici, il ne pose pas. Claude Gassian a tourné autour de lui comme un bourdon, ne lui laissant pas le temps pour. Personnellement, ma préférée, c’est celle où Pierre a le regard baissé, dans ses pensées» confie Benoit Decron. Les 34 photographies acquises par le musée Soulages sont présentées pour la première fois sur un mur dédié au musée.

Comme ses photos, l’année 2024 dévoile pour la première fois au public différentes œuvres du peintre ruthénois, dont ses derniers outrenoirs. «Tout au long de l’année nous avons des expositions, des événements de prévu pour honorer Pierre et Colette Soulages. Nous avons aussi besoin d’un temps fort pour marquer le coup. Pour la programmation de ce week-end toute l’équipe du musée s’est secouée. La médiation sera au rendez-vous pour les visiteurs pour leur faire découvrir ou redécouvrir le Musée. Il n’y a rien de déshonorant à ne pas savoir.» Samedi et dimanche, des visites «flash» sont présentées par les médiateurs du musée toutes les 30 minutes.

Quatre jours pour découvrir une installation immersive

Dans la salle d’exposition temporaire, de la musique ­— une vingtaine de morceaux classiques et contemporains — et 350 écrans brisés installés au sol. Derrière cette installation immersive «Les EpouxP», Pascale et Damien Peyret. «C’est un grand honneur pour nous de présenter notre installation ici. Quand nous sommes venus pour la préparation, le trac s’est fait sentir. On connaissait la notoriété et le travail de Pierres Soulages, mais en travaillant avec le musée on s’est d’autant plus imprégnés de toute son œuvre et son histoire.» Initialement conçue pour l’église de Saint-Séverin lors de la Nuit Blanche 2012, Polysémie a été reconfigurée pour les 10 ans du musée, s’inspirant des vitraux de l’abbatiale Sainte-Foy de Conques.

C’est une forme d’archéologie digitale que présente le couple : «On questionne la mémoire de ces écrans. Que se passe-t-il quand ils sont cassés ? On invite le visiteur à s’interroger à ces questions et à s’approprier ses images.»

L’exposition se termine ce dimanche.

«J’utilise ma main, du fil, une aiguille et un dé.»

«Souvenez-vous de ce nom» insiste le conservateur du musée en présentant Jeanne Vicerial. À 31 ans, la jeune artiste, initialement dans la recherche dans l’industrie textile, invente une technique le «tricotissage», inspirée du tissu musculaire. À la frontière entre le tissage, le tricot et la dentelle, cette technique permet ainsi de créer en se conformant à une seule morphologie prise pour modèle, sans chute et donc sans gaspillage.  «La mode est la 2e industrie la plus polluante au monde, et on demande à nos corps de rentrer dans des vêtements et de s’y adapter. L’idée est de remettre le corps au centre, au début. J’utilise ma main, du fil, une aiguille et un dé. Ce sont des techniques utilisées depuis la nuit des temps, partout dans le monde» explique Jeanne Vicerial.

Dans la salle, deux sculptures féminines se dévoilent. Imposantes, l’une allongée, l’autre levée, réalisées en fils et cordes noirs, ces deux pièces résonnent étrangement avec les outrenoirs. Plus qu’une coincidence, le peintre ruthénois a eu une forte influence dans les œuvres de la jeune artiste :  «Il est presque à l’origine de mon travail. Je l’ai découvert à 17 ans, ça a été une révélation artistique. Pour moi les outrenoirs, sont en quelque sorte des portes qui permettent d’atteindre un imaginaire. Dans mon cas, ce sont ces figures.»  

Des figures qui interrogent également les liens entre art et représentation du corps, en particulier du corps féminin. Une thématique appuyée davantage par les Sex-Voto, une série inspirée des ex-voto, ces offrandes faites à un Dieu, aux formes multiples, notamment des parties du corps humain.

L’installation est à découvrir jusqu’au 3 novembre.

Concert, danse verticale, ateliers...

En plus de ces nouvelles expositions à découvrir, d’autres rendez-vous attendent les visiteurs. Vendredi 31 mai, se tient au Théâtre La Baleine un concert de l’orchestre national du capitole de Toulouse — des places sont encore disponibles, si intéressés, contactez le Théâtre La Baleine ou le Musée Soulages. Un concert hommage à Pierre Soulages, puisque « Reflecting Black » a été composée pour le peintre, en pensant à son œuvre.

Samedi et dimanche, des ateliers de création ouverts à tous sont proposés au public. À 17h samedi, Laurence Le Chau, illustratrice de l’album «Tu as vu ?! » co-édité avec le musée sera en dédicaces. À 21h30 samedi et dès 15h dimanche, la Compagnie Retouramont habiteront l’architecture du musée Soulages pour un spectacle de danse verticale.

Si ce week-end marque un temps fort des 10 premières années du musée, 2024 réserve encore de belles surprises aux visiteurs. D’ici la fin de l’année, ils devraient être 1.500.000 à avoir franchi les portes du musée.