La Confédération paysanne réaffirme ses positions
Vendredi 24 mai, associations, structures départementales, régionales et syndicats étaient conviés à une réunion de travail sur les enjeux environnementaux. La confédération paysanne, partie prenante — comme les autres syndicats agricoles — en a profité pour faire entendre ses préoccupations.
L'agriculture biologique en crise
Rencontrés à la fin de la réunion, Louise Fournier et Bastien Brisson, membres du comité départemental de la Confédération paysanne, ont confié leurs inquiétudes sur le futur de l'agriculture biologique. Pour les deux éleveurs, les signaux envoyés sont préoccupants : «On ne nous encourage plus à aller vers le bio. Aujourd'hui, des industriels du lait proposent même une aide financière pour des retours en conventionnelle.»
À cette désincitation, s'ajoutent les derniers «rétropédalages» du Gouvernement. Ce 15 mai, les députés se sont prononcés sur le premier article du projet de loi agricole examiné à l’Assemblée nationale. Le code rural fixait l'objectif d'atteindre, en 2022, 15% des surfaces cultivées en bio. Deux ans plus tard, seulement 10,4% des surfaces cultivées sont en agriculture biologique. Plus que cet échec, les deux agriculteurs dénoncent la suppression de tout objectif. En effet, l'article en question ne donne désormais ni date, ni superficie à atteindre.
«On en revient toujours au revenu paysan»
Lors des discussions, certains sujets ont fait consensus, tel le photovoltaïque au sol. «C'est une opposition unanime qu'on salue. Mais dans les faits, on en revient toujours au revenu paysan. Si mes voisins s'apprêtent à partir en retraite, qu'ils n'ont personne à qui céder leur exploitation, qu'ils ont travaillé toute leur vie pour une retraite de misère, qui suis-je pour leur reprocher de se tourner vers le photovoltaïque ?» interroge Louise Fournier. Elle ajoute : «La transition écologique ne se fera pas sans un profond changement du système économique actuel.»
Dans le viseur du syndicat : les marges des grandes-surfaces, le marché européen et les accords internationaux. La Confédération paysanne demande à ce que des prix minimums d'entrée et de sortie soient fixés sur le marché européen et s'oppose aux accords internationaux.
En parallèle de l'agriculture, d'autres thématiques étaient au centre des discussions comme la ressource en eau. Début avril, 28 projets de retenues collinaires en Occitanie ont reçu le feu vert de l'État. Logements, mobilités, déchets et industries étaient également discutés entre les différents participants à cette réunion. L'objectif de l'exercice pour les deux éleveurs : «sentir le pouls». Pour eux, l'occasion de réaffirmer leurs positions.
AC
Élections européennes et agriculture
Le 9 juin, les électeurs sont appelés à voter pour leurs eurodéputés. Cette année, les regards sont notamment tournés vers le monde agricole. «Il y a une réelle colère paysanne. Beaucoup se sentent trahis et basculent en réponse chez les populistes» confie Bastien Brisson. PAC, bien-être animal, normes environnementales, accords internationaux : l'échelon européen affecte le quotidien des éleveurs et agriculteurs. «Nous en appelons à un projet profond, réalisable et perrain pour les paysans.»
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