Apiculture. Piéger les reines pour lutter contre le frelon asiatique

Aveyron. Grand prédateur, le frelon asiatique peut détruire des ruchers entiers. Pour lutter contre cet insecte invasif, le Groupement de Défense Sanitaire Apicole de l'Aveyron (GDSA 12) mise sur le piégeage des fondatrices.

Publié le 04/04/2024 à 06h35, mis à jour le 04/04/2024 à 16h19

Apiculture

Au sommet d'un chêne, dans un bâtiment agricole ou dans un corp de ferme, Frédéric Garcia montre, l'un après l'autre, l'emplacement d'anciens nids de frelons asiatiques sur la commune de Gaillac-d'Aveyron. «C'est comme trouver une aiguille dans une botte de foin» commente l'apiculteur. En 2022, sur ses 80 ruches, seules 25 avaient été épargnées. Depuis, Frédéric est désormais “référent frelon” pour le Groupement de Défense Sanitaire Apicole de l'Aveyron (GDSA 12).

Fléau des ruches

Une colonie de frelons asiatiques dévore entre 10 et 11 kilos d'insectes. Mouches, guêpes, papillons et lorsque des abeilles sont à proximité, ces dernières deviennent des cibles de choix. Pour cause, le frelon à pattes jaunes préfère s’attaquer aux espèces qui vivent groupées. «Vous avez le choix entre un bonbon ou un paquet de bonbons, vous glissez votre main dans le paquet» illustre Jean Blanchot, président du GDSA 12.

À l’affût devant les ruches, attendant les butineuses, la méthode de chasse du frelon est redoutable. Si ce dernier ne parvient pas à forcer son entrée dans la ruche, il reste en vol stationnaire, prêt à saisir l'abeille entre ses pattes pour la tuer d’un coup de mandibules derrière la tête. Non seulement, ce prédateur fait des dégâts dans l’effectif, mais il est aussi une source de stress et de fatigue. Les abeilles s'épuisent, la colonie s’affaiblit progressivement et meurt pendant l’hivernage.

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Si la plupart des attaques se déroulent entre la mi-août et l'automne, le printemps est la saison idéale pour le piégeage des reines. Les températures partant à la hausse, les fondatrices quittent leur cachette hivernale à la recherche de l'endroit idéal pour fonder leur colonie.

Une reine piégée, des milliers de frelons évités

Du sirop de fruits rouges, du vin blanc et de la bière, un cocktail idéal pour appâter le frelon asiatique. Dès la mi-février, Frédéric Garcia a installé ses pièges à proximité de ses ruches. Attiré par l'appât, dont la présence d'alcool rebute les abeilles, le frelon se retrouve coincé une fois rentré, ne pouvant plus en sortir. «Ce n'est pas la solution miracle, il y a des pertes collatérales, d'autres insectes se retrouvent de temps en temps piégés, mais pour l'instant c'est ce que nous avons de mieux face au frelon» confie Frédéric. Au printemps dernier sur la commune de Gaillac, 27 fondatrices avaient ainsi été attrapées.

«L'affaire de tous»

Le président du GDSA 12 n'hésite pas à s'adresser aux collectivités et aux Aveyronnais : «Lutter contre le frelon asiatique, c'est l'affaire de tous. C'est un problème pour les apiculteurs, mais aussi pour la biodiversité, et un enjeu sanitaire.» Le GDSA 12 invite ainsi au piégeage sélectif sur des sites stratégiques : dans des ruchers, à proximité des précédents nids, sur des arbustes, des arbres en fleur, dans des vergers etc...

S'il est possible de fabriquer soi-même un piège, ils peuvent être aussi achetés dans le commerce, comme chez Catusse apiculture à Onet-le-Chateau et Farago à Rodez. Caisse en bois ou couvercle à visser sur des bocaux, les modèles sont multiples. Un critère reste crucial pour limiter un maximum les pertes collatérales : un système de sélection physique des insectes par la taille. Sans ce système, le frelon asiatique représente seulement 1 à 4 % des insectes capturés. Il est ainsi conseillé d'utiliser des pièges avec des orifices permettant aux petits insectes non ciblés (guêpes, abeilles…) de s’échapper et d’un trou d’entrée suffisamment large pour laisser passer le frelon asiatique mais trop étroit pour le frelon européen et les papillons.

S’il n’éradique pas le frelon asiatique, le piégeage permet de limiter la pression de la prédation. Avec moins de reines et moins de nouveaux nids, les apiculteurs espèrent enrayer l’émergence de milliers de frelons et de nouvelles reines.

A.C