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Journal de deux backpackers aveyronnais. Carnet de voyage au pays des kangourous [2]

Les chroniques. Suite de l'échappée australe de Justine : en plein rêve au pays des kangourous...

Journal de deux backpackers aveyronnais. Carnet de voyage au pays des kangourous [2]

L’Outback, le bush, le désert
Samedi 16 février, musique au poste, régulateur enclenché sur 100 km/h, climatisation au plus froid et c’est parti pour 1.300 km de route. Pour survivre dans le désert australien, nous avons fait le plein de provisions, d’eau et d’essence, puisque les distances entre chaque ville sont souvent élevées. Il n’est pas rare de rouler sur 300 km sans croiser ne serait-ce qu’une petite station essence. Après seulement quelques heures de route, le paysage a radicalement changé. Des petits arbres avec un feuillage quasi inexistant ; une terre rouge très aride ; des lignes droites à n’en plus finir ; des troupeaux sauvages amaigris ; des petites villes paumées et peuplées d’Aborigènes. Plus nous nous avançons dans les terres, plus la civilisation s’éloigne et la chaleur devient étouffante (45 degrés). C’est vrai que ça a un côté flippant, mais être à deux voitures et entourée de trois mecs ça rassure. Toujours seuls sur les free camps, il ne reste plus qu’à allumer le feu pour faire des grillades et admirer la nuit qui est un tapis d’étoiles. Nous sommes donc officiellement dans l’Outback, dans l’arrière-pays.
Ici, les seules attractions sont de regarder passer les road trains (semi-remorques) et de lever la main aux voitures qui passent. De nombreux véhicules sont abandonnés le long de la route. Pour cause, le dépannage qui coûte plus cher que le prix de la voiture. Mais le plus triste reste les corps d’animaux qui jonchent le sol tous les 100 mètres. Les kangourous, les moutons, les vaches sont attirés par la lumière des phares des véhicules et succombent au choc. Comment survivre à l’impact d’un road train allant à plus de 100 km/h et mesurant jusqu’à 80 m de long avec 4 remorques attelées ? Ces charognes, qui grillent au soleil, dégagent une forte odeur qui a tendance à faire remonter mes céréales Nesquik du matin.
Dans le désert, on ne s’arrête pas toutes les heures pour faire une randonnée ou pour visiter un musée. C’est plutôt 6 heures de route, une pause pour manger et des étirements de jambes aux pompes à essence. L’eau potable est difficile à trouver dans le désert, c’est pourquoi nous devons limiter son utilisation. Mais par chance, nous pouvons remplir notre bidon de douche aux stations essence et laisser l’eau se réchauffer sur le toit du 4x4. Se laver à l’eau tiède après une lourde journée est un bonheur.
Les villes, les voitures, les gens et le réseau téléphonique deviennent de plus en plus rares, contrairement à ces milliers de mouches dont leur seule occupation semble être justifiée que pour essayer de venir se caler dans nos narines, nos yeux et nos oreilles. Tout ça pour dire qu’elles ne nous laissent aucun moment de répit. Enfin si, à la tombée de la nuit nous pouvons enlever nos magnifiques moustiquaires de tête. Dis comme ça, c’est vrai que ça ne fait pas tellement rêver. Mais au contraire, c’est l’aventure et on se régale !
Rocher sacré d’Uluru
Après trois jours de route, on se rapproche petit à petit du parc national où l’on commence à apercevoir le gros caillou rouge : Uluru. Ce site est sacré pour les Aborigènes. Cela faisait des années que les propriétaires traditionnels d’Uluru (Anangus) demandaient que l’ascension de ce site soit interdite et ce sera le cas pour octobre 2019. Puisqu’il était important pour nous de respecter les souhaits des Anangus, nous nous sommes contentés d’une randonnée de 11 km qui fait le tour du rocher. Même en ayant commencé la balade à 7h30, on a bien sué sous les 40 degrés. J’avais du mal à croire qu’il était plus haut que la Tour Eiffel, mais une fois arrivée à son pied, je n’ai pu que constater son immensité. Il mesure 3,6 km de long et domine du haut de ses 350 m. Mais Uluru révèle sa splendeur lorsqu’on l’observe de loin. Prendre l’apéro lors du crépuscule et le petit déjeuner à l’aube nous en a mis plein les yeux. Le soleil couchant l’illumine d’un orange, puis d’un rouge intense avant d’être plongé dans l’obscurité.
Dans ce parc national, nous avons eu la bonne surprise d’apprendre qu’il y avait un autre site aussi impressionnant : les Kata Tjuta (les monts Olgas). Ces 36 rochers côte à côte, vieux de 500 millions d’années, forment des vallées profondes. Le plus haut d’entre eux culmine à 545 m. Moustiquaire et casquette sur la tête, nous partons à la conquête des Kata Tjuta. Après une montée bien raide, nous arrivons au cœur du site et restons bouche bée face à sa beauté verdoyante. De nombreux arbres résistent encore à la dureté du soleil. On peut même voir une rivière quasiment tarie. Malheureusement, il n’y a pas assez d’eau pour faire trempette et se rafraîchir.
Northern Territory (territoire du nord)
Après deux jours entourés de cailloux, nous nous dirigeons vers le parc national de Warrtaka. Kings Canyon, c’est des falaises à vous donner le vertige et des paysages à vous couper le souffle. La roche a une couleur ocre, très vive. Et là, cerise sur le gâteau, nous trouvons une petite oasis où la baignade ne nous a pas échappé.
Sur notre route, nous traversons le West MacDonnell qui est un parc national perdu en plein milieu du désert. Je dirais plutôt un petit coin de paradis rempli de montagnes, de gorges et de verdure. En Australie, je m’attendais à être surprise par les bêtes sauvages, mais pas par les paysages et la végétation. Nous en profitons pour faire des randonnées avec au programme : baignades et sauts. Et ce n’est que le début d’une longue série. Nous quittons ce superbe parc, qui restera notre plus beau souvenir du centre, devançant Uluru qui est certes majestueux mais trop touristique...
Nous prenons la direction de Darwin, en passant par le bassin naturel de Mataranka où l’on se baignait dans une eau soufrée et turquoise à 30°. Nous ressentons une soudaine tranquillité, celle que nous ne connaissions plus depuis 2 semaines : nous étions enfin libérés, délivrés des mouches. Mais c’était sans compter un climat tropical très humide et envahi de moustiques. Je n’ai jamais autant sué de ma vie et surtout sans rien faire. Pour nous rafraîchir, nous partons en direction du parc national du Litchfield. Avec des terres boisées, des chutes d’eau spectaculaires et des hautes termitières, un beau programme nous attendait. Mais, malheureusement le 4x4 de Clément et Mathieu est tombé en panne au début du parc. Et là aussi, ce n’est que le début d’une longue série. Notre Nissan a dû les tracter sur 130 km jusqu’au premier garage.
Samedi 2 mars, nous arrivons à la pointe du nord de l’Australie (Darwin), mais ne restons seulement que le week-end. La tranquillité et la nature nous manquaient déjà trop. Impatients de découvrir le parc national du Kakadu et de voir des crocodiles marins, notre excitation fut vite interrompue. Durant la saison des pluies, de nombreuses routes sont fermées à la circulation. Cette journée nous a coûté un petit détour de 500 km, on n’était pas prêt à passer une telle journée. Nous pouvons tout de même être fiers de nous, la traversée du sud au nord est un défi remporté haut la main. Avant d’entamer la seconde partie du désert, du centre à l’est cette fois-ci, nous faisons une pause à Katherine Gorge. Encore des gorges vous me direz, mais ce sont les seuls endroits autorisés à la baignade puisque l’océan et les rivières sont habités par les crocos. Et puis, il n’y a rien de mieux pour prendre des forces afin d’affronter les longues heures de route qui nous attendent pour arriver à Cairns.
Queensland
La chaleur du désert et ces foutues mouches nous suivent jusqu’à la ville de Mount Isa. Les grandes étendues de rien laissent peu à peu la place aux montagnes tropicales du territoire du Queensland. Première nuit dans un free camp au bord d’un lac où Remco et Elise, un Hollandais et une Luxembourgeoise, nous ont tenu compagnie au coin du feu. Après cette soirée sympathique, nous reprenons la route sous une météo très changeante. Pluie, brouillard, soleil, froid, chaud, bienvenue en pleine saison des pluies.
Dès notre entrée dans le Queensland, plusieurs parcs nationaux s’offrent à nous, mais pas que. Ayant deux bolides, on ne peut que s’amuser sur des chemins réservés au 4x4 et des gravel roads (routes non goudronnées faites de terre). On se retrouve même à ouvrir des passes de clôture où les vaches ne peuvent s’empêcher de faire les curieuses. C’est vrai que ça nous change des milliers de kilomètres passés sur le bitume australien. Le plus bel atout de ce territoire reste le nombre inimaginable de cascades et de points d’eau. Tous les jours, on trouve un endroit où se baigner comme à Emerald Creek, Davies Creek, Milla Milla...
Lundi 11 mars, après 3.000 km passés sur la route, nous arrivons enfin à Cairns. Nous venons de réserver notre journée pour demain. Au programme : snorkeling (plongée avec masque et tuba) dans la plus grande barrière de corail au monde...
A très vite pour la fin de notre aventure qui est, comme dirait Guillaume, "amazing waaa !"

Justine Joffre

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