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Mobilisation du monde agricole. Plus de 300 tracteurs ont défilé à Rodez

Aveyron. Mercredi 31 janvier, à l’appel de la FDSEA et des JA de l’Aveyron, entre 300 et 400 tracteurs se sont rendus à Rodez, Place d'Armes. Devant la cathédrale, près de 500 personnes, agriculteurs, agricultrices, élus, partenaires et soutiens, se sont rassemblées

Mobilisation du monde agricole. Plus de 300 tracteurs ont défilé à Rodez
Entre 300 et 400 tracteurs ont défilé à Rodez ce mercredi 31 janvier. - Daniel Escoulen

«C’est notre nombre qui donne du poids à la table des négociations.» C’est par ces mots, que Laurent Saint-Affre, président de la FDSEA de l’Aveyron a salué la présence d’un grand nombre d’agriculteurs aveyronnais. Ce mercredi 31 janvier, à l’appel conjoint de la FDSEA et des JA de l’Aveyron, plus de 300 tracteurs ont défilé à Rodez.

À midi, les premiers tracteurs sont arrivés au point de rendez-vous. Rapidement, la Place d'Armes et ses alentours se couvrent de tracteurs.

À voir aussi : La vidéo de la manifestation de Rodez

«Qui serait prêt à travailler 70 heures par semaine pour 800€ par mois ?»

Les premières annonces du gouvernement sont loin d’avoir comblé les attentes des agriculteurs présents. Lionnel, éleveur bovin viande sur l’Aubrac, ne cache pas sa déception : «Rien n’a été dit sur l’élevage. On se sent oublié.» À ses côtés, Mathieu, lui aussi éleveur bovin dans le Nord-Aveyron ajoute : «Qui serait prêt à travailler 70 heures par semaine pour 800€ par mois ?» Une concurrence jugée déloyale causée par les accords du MERCOSUR, des normes environnementales contraignantes «sans les compensations nécessaires» mais aussi des grandes enseignes qui «ne jouent pas le jeu» : «Nous sommes les seuls à vendre à perte. Il y a un juste équilibre de marges à trouver» dénoncent les éleveurs.

«Enfant, on en rêve, adulte, on en crève.»

Autre «oublie» du gouvernement pour les agriculteurs : le renouvellement des générations. Une préoccupation d’autant plus pressante que les porteurs de projets aveyronnais rencontrent actuellement des difficultés pour s’installer. En cause «l’amateurisme de la Région» dénoncé par le syndicat. Depuis janvier, la Région est censée assurer la gestion des dossiers DJA, «Dotation jeunes agriculteurs» et l’aide au démarrage d’entreprises. Or, les outils et le personnel nécessaire ne sont pas encore au rendez-vous pour répondre aux demandes.

Ce 31 janvier, nombre de filles ou fils d’agriculteurs sont présents. Certains le confient, ils ne reprendront pas l’exploitation familiale. Michaël-Garrigues, co-président des Jeunes Agriculteurs Aveyron raconte : «Vendredi il n’y a eu aucun mot sur le renouvellement des générations, alors que l’on manque cruellement de jeunes pour reprendre les exploitations et pour y travailler. On attend une vision sur le long terme, que le gouvernement mette les moyens pour attirer les jeunes et redonner envie de se lancer dans ce métier. Le but est de continuer à mettre la pression sur l’État pour qu’il engage des politiques de fond.»

Difficile pour les agriculteurs de transmettre la vocation aux jeunes. Éleveur bovin dans le Sud-Aveyron, Mathieu confie : «J’ai eu en stage un jeune hors-cadre, qui souhaitait découvrir le métier. C’est difficile... On ne veut pas leur couper l’envie, mais d’un côté, on doit bien leur montrer la réalité. On se demande à quel point leur montrer les choses...»

Ce mercredi, certains tracteurs sont venus décorés d’un mannequin en tenue de travail, pendu, et de pancartes soulignant le mal-être du monde agricole : «Enfant, on en rêve, adulte, on en crève»«Il en faut encore combien ?».

Marie-Amélie Viargues, secrétaire générale de la FDSEA de l’Aveyron explique : «Les questions sur le bien-être des agriculteurs, sur leur santé mentale ou physique, la société ne se les posait pas. La plupart de la population vit en ville, nous à la campagne. Il y a comme un fossé qui s’est creusé.»

À suivre...

Alors que le mouvement a déjà bien entamé sa deuxième semaine de mobilisation, les agriculteurs poursuivent en France — et en Europe — leurs actions. «On n’a pas prévu de s’arrêter comme ça» soutient Marie-Amélie Viargues avant de poursuivre : «Il faut une vraie prise de conscience politique et une vraie ligne de conduite sur le long terme.»

De nouvelles annonces pourraient tomber dans les prochains jours. Emmanuel Macron s’entretient ce jeudi à Bruxelles avec la présidente de la Commission européenne. 

 

A.C

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