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Traditions de Toussaint. “Vente des âmes” et “Poule un”

Aveyron. C'est une tradition aujourd'hui presque perdue, et dont on ne trouve la trace que dans quelques paroisses riveraines du vieil Olt : la “Ventes des âmes”, ou “Poule un” à Sainte-Eulalie d'Olt. Une vente aux enchères dont le bénéfice servait à dire des messes pour les âmes du purgatoire.

Traditions de Toussaint. “Vente des âmes” et “Poule un”
Michel Ladet a pris la suite de son père Rémy comme commissaire-priseur de la “Poule Un” de Sainte-Eulalie (Archive Bulletin d’Espalion 2022).

Traditions de Toussaint

Le jour de la Toussaint à Sainte-Eulalie d'Olt, près de Saint-Geniez, a lieu la cérémonie de la “Poule un”. Après la messe, les habitants, selon une vieille tradition, se retrouvent sur la place de l'église autour d'une vente aux enchères particulière : des denrées alimentaires — châtaignes, œufs, gâteaux, légumes, pâtés, bouteilles de cidre ou de vin nouveau et autres volailles — amenées par les paroissiens, sont vendues au plus offrant par un commissaire-priseur.

Vente pour les âmes du purgatoire

Cette tradition, qui a survécu jusqu'à l'époque contemporaine dans quelques paroisses aveyronnaises, a toujours cours à Castelnau et à Sainte-Eulalie. Elle se pratiquait encore à Lassouts jusqu'à la crise sanitaire de 2020, et quelques années en arrière à Malescombes et à Mandailles.

Elle est en général connue sous le nom populaire de “Vente des âmes”, car le bénéfice des enchères était réservé par le curé pour dire des messes aux âmes des défunts de la paroisse, notamment ceux qui n'avaient pas de famille, ou dont les proches n'avaient pas les moyens de dire des messes.

La “Poule un”

La “vente des âmes” était donc plus exactement une vente pour les âmes, ou pour les morts. Et si, à Sainte-Eulalie, elle a pris le nom de “Poule un”, c'est parce qu'on commençait la vente par la plus belle poule du lot, qui a fini par donner son nom aux enchères de la paroisse. Le rôle de commissaire-priseur a longtemps été dévolu à Rémy Ladet, qui fut maire de Saint-Eulalie et bouilleur de cru. Aujourd'hui, c'est son fils Michel a pris le relais.

En 1990, dans l'ouvrage “Al Canton” consacré au canton de Saint-Geniez d'Olt et publié par la Mission départementale de la Culture, Christian-Pierre Bedel, qui a enregistré une séquence sonore de la vente animée par Rémy Ladet, détaille les produits destinés à la vente : dix poules, un canard, deux lapins, cinq douzaines d'œufs, dix-neuf lots de noix, noisettes et châtaignes, six lots de légumes et de fruits, neuf gâteaux et trente-deux bouteilles. Le bénéfice de 9.000 francs représente de quoi célébrer 150 messes, «beaucoup trop pour le seul prêtre de la paroisse», est-il précisé, qui cèdera une partie de la somme aux paroisses voisines.

Cette année encore, la “vente des âmes” et la “Poule un” rassembleront les paroissiens à Castelnau et à Sainte-Eulalie.

XP

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