Bon, je vous l’accorde, l’objet en question n’est pas des plus sexy. Surtout lorsqu’on l’aperçoit dans les films parasités en noir et blanc, pendant comme une mantille au bras de quelques ménagères déjà en deuil de leur propre vie. Ces ménagères qui patientaient, l’air grave, dans d’interminables files d’attente avec des tickets de rationnement bien rangés dans le porte-monnaie. Et le porte-monnaie, justement, posé au fond du filet à provision. Lequel, tricoté au crochet, aurait été inventé en 1860.
On lui doit depuis bien des déclinaisons et même, paraît-il, une récente résurrection qui fait de lui l’objet du moment. Celui qui produit son petit effet quand, à la caisse de la supérette ou à l’étal du marché, les dames le sortent du sac à main pour le préférer au sac en plastique qui pollue ou au cabas qui blesse le pli du coude et demeure encombrant, même vide. Le filet à provision, en coton de préférence, qui servait à transporter l’essentiel de nos frugales ou, plus rarissimes, opulentes ripailles.
Et ce souvenir jonglé du côté de l’enfance quand nous attendions le retour de notre mère, un peu avant “La Séquence du Spectateur” en essayant de voir ce que contenaient les mystérieuses mailles. Un paquet de Bonux pour le cadeau, des bonbons, le dernier numéro de Pif Gadget planqué entre le chou-fleur et les boîtes de thon. L’Antésite et le tabac gris, l’eau de Cologne et l’Email Diamant.
Une liste, quelques chiffres sur un petit ticket blanc, dans le porte-monnaie une poignée de francs.
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