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Les “Paysans sensibles” manifestent. Paysans, prairie et sujet sensibles…

Nasbinals. Samedi dernier, 29 juillet, une centaine d’éleveurs se retrouvaient autour de la place du Foirail à Nasbinals pour manifester leur colère face une directive leur interdisant de toucher aux prairies dites sensibles dont ils sont propriétaires. Barrages filtrant, signature de pétition, défilé d’élus et pique-nique au programme.

Les “Paysans sensibles” manifestent. Paysans, prairie et sujet sensibles…

“Paysans sensibles”

Désormais on a l’habitude, à Nasbinals, de voir le foirail occupé par les voitures, quand ce ne sont pas les cars de tourisme et les camping-cars. Certes les agriculteurs, les éleveurs surtout, y avaient aussi leurs habitudes, mais c’était avec leur troupeau le 17 août notamment, qu’ils investissaient la place.

Jamais de mémoire de Lozérien de l’Aubrac, on n’avait vu un tel défilé de tracteurs, bientôt immobilisés et organisés afin de filtrer le passage des voitures. Or là, visiblement, la mobilisation promettait d’être importante, tant par le nombre que par la détermination. Ils en avaient gros sur la patate — pépite de l’Aubrac évidemment — et tenaient à le faire savoir de manière spectaculaire (lire aussi notre édition du 22 juin dernier). 

Le rendez-vous était donné aux quelques 330 agriculteurs lozériens et plus particulièrement aux adhérents du “Collectif paysans sensibles”. Mais dès 9 heures, l’ensemble des élus répondait comme rarement à l’invitation des manifestants afin de leur apporter leur soutien clair et, à tout le moins, leur bienveillante attention. Étaient donc présents le député, Pierre Morel-à-l’Huissier — qui a rappelé son soutien indéfectible depuis cinq mandatures dans  l’exercice parlementaire —, la sénatrice, Guylène Pantel — venue prendre note des doléances —, la conseillère départementale Éve Brezet — confirmant son attachement à “ses éleveurs” —, le maire de Nasbinals, Bernard Bastide, également président du Parc de l'Aubrac, qui a su parler au cœur des hommes du terroir et concéda qu’il y avait effectivement matière à discussion sur le fond, mais également sur la forme.

Car en effet, l’un des premiers sujets de mécontentement du Collectif, c’est la façon jugée brutale d’imposer ces nouvelles restrictions au monde agricole, notamment dans les zones “montagne”, et faisant l’objet d’un classement par Natura 2000. Laquelle à pour objet et vocation de protéger les sols et les cours d’eau de toute forme de pratiques pouvant mettre en danger l’écosystème.

À lire aussi : En Lozère, les prairies sensibles agacent les paysans

Ceci étant fait dans le cadre de la PAC (Politique agricole commune) à l’échelle européenne et jugée hors-sol (c’est le cas de la dire) par les professionnels du terrain.

Ils étaient donc une bonne centaine à prendre le taureau par les cornes, déterminés à se faire entendre à la fois par leur présence, mais également par la signature d’une pétition.

«Nos parcelles agricoles ne sont pas des décors paysagers»

Parmi les portes-paroles trouvés à l’accueil de la manifestation, François Hermet, du Fau-de-Peyre, préserve son flegme teinté d’humour, sans dissimuler l’exaspération de sa corporation : «Ce que nous demandons c’est rout simplement l’annulation de la directive européenne “Prairies sensibles” car c’est une aberration. Il y a en Lozère 24.000 hectares de prairies sensibles. Cela concerne aussi une partie des causses et de la Margeride. Mais on a l’impression que ce département est particulièrement ciblé. On a aussi un autre impression : c’est à croire que pour sauver la planète, il n’y a que les paysans. Qu’ils sont coupables de tous les maux. C’est quand même un peu fort ! Il faut quand même remettre les choses au clair : nos parcelles sont à vocation agricoles, il ne s’agit pas de décors paysagers...»

Même calme et sourire, légèrement crispé, de la part de Christèle Bouquet de Montgrousset : «Là, on commence à trouver que cela fait beaucoup ! Quand on nous sort que se sont nos vaches qui mettent la planète en péril, on se demande si c’est une blague. Mais cela n’a pas l’air. Car derrière on nous cible encore en venant nous dire ce qu’il faut que l’on fasse sur nos terres. On n’a plus le droit de stocker le fumier, on ne pourra plus enlever un rocher d’une prairie et bientôt avec les satellites, ils vérifieront que l’on n’ait pas une vache de trop à l’hectare, pour nous coller des amendes. Tout ceci conditionne les aides communautaires. Mais au fond ce n’est pas de leurs aides dont nous avons besoin, c’est de liberté pour faire notre métier dans les meilleurs conditions et en liberté. Car on n’est pas fous, on sait les contraintes environnementales et on ne fait pas n’importe quoi...»

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C’est donc en opposition assez nette, pour ne pas dire frontale, avec les écologistes, que les agriculteurs de l’Aubrac notamment, regroupés en collectif, réagissent contre ces nouvelles contraintes consistant à les empêcher de transformer certaines prairies peu productives ou mal placées en polyculture.

«Je ne vois pas en quoi ça gêne, notamment sur les contreforts de l’Aubrac, que l’on cultive du blé, plutôt qu’une mauvaise herbe. D’autant que cela permettrait aussi de rentrer un peu de paille, que nous payons de plus en plus cher dans la plaine...», ajoute en conclusion un autre éleveur lozérien.

J.L.

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