Symboliquement, le geste est lourd de sens. Après une saison 2022 particulièrement éprouvante pour le territoire du Sud-Aveyron, c’est au cœur des grands causses qu’a été lancée la campagne Feux de forêt 2023. Lundi 26 juin, au sommet de la Pouncho d’Agast, le préfet de l’Aveyron Charles Giusti a rappelé « près de 2.000 hectares brûlés et 3.000 personnes déplacées, dont deux feux majeurs sur les territoires des communes de Comprégnac et Mostuéjouls » pour l’Aveyron l’année passée. De ce triste constat, une stratégie de lutte contre les feux a été présentée aux maires des communes considérées comme les plus à risque dans le département - elles sont 22 à être classées à «très forte sensibilité à l’aléa feux de forêt» dont 19 sur le territoire des grands causses - mais également à des agriculteurs, associations de citoyens ou encore collectivités.
Prévention, détection, intervention
Trois axes ont été déclinés par le préfet pour une mise en œuvre dès la saison 2023 : prévention, détection, intervention.
«À l’inquiétude et au traumatisme de 2022, le côté positif est que le dispositif a tenu, rappelait Charles Giusti. Le modèle aveyronnais n’est pas de s’apitoyer, nous avons mis en place un comité de pilotage pour essayer des choses.»
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Première des actions engagées, l’application de l’obligation légale de débroussaillement (OLD) pour 91 communes du département. Elle concerne les bâtiments situés à moins de 200 m d’un espace naturel sensible. À titre expérimental, un officier sapeur-pompier a été déployé en appui de 22 communes pour accompagner les maires à la pratique du débroussaillement.
«L’incendie de l’année passée est un traumatisme humain, naturel et économique […], nous devons prendre en compte la gestion de notre forêt, témoignait Christine Bedel, maire de Mostuéjouls. Débroussailler n’est pas juste participer, nous devons avoir une véritable gestion communale, il en va de la sécurité des pompiers lors de leurs interventions.»
Des patrouilles de volontaires
Autre enjeu, celui de la détection du départ des incendies. Des patrouilles vont être organisées par l’Office national des forêts et le Sdis, renforcées parfois par des gendarmes, dans les zones les plus sensibles. Un dispositif complété par des associations de randonnée, d’aéroclubs mais aussi d’agents du service public de la Poste, Enedis et EDF, tous volontaires. Venus dans leurs uniformes de cyclistes, les membres du Club Cyclo Millau prendront part au dispositif. «Pour ce qui est du signalement d’un départ de feu, on le faisait déjà, mais là si on peut sensibiliser certaines personnes qu’on croise lors de nos sorties, autant en profiter», assurent-ils.
«C’est une expérimentation, nous verrons en septembre le bilan que l’on peut tirer, l’idée c’est la prévention et la détection rapide des départs de feu», abonde Véronique Martin Saint-Léon, sous préfète de l’arrondissement de Millau. La culture de la prévention des risques fait partie des objectifs majeurs du plan d’action. «On essaye quelque chose, humblement, mais avec une dynamique et on veut embarquer tout le monde dans le même objectif de préservation», ajoute la sous-préfète.
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Dernier outil déployé, la météo des forêts. Diffusée par Météo France quotidiennement depuis juin 2023, elle permet d’informer sur le niveau de danger de feux dans les départements, en fonction d’un code couleur. Avant de clôturer la présentation de la campagne Feux de forêts, les sapeurs-pompiers ont présenté les équipages de deux camions de lutte contre les incendies ainsi que l’équipe drone. «La situation est favorable en ce début d’été mais il est important d’être paré, assurait le préfet de l’Aveyron. Le dispositif de prévention et de lutte devra être présent et utilisé dans les années à venir, tout comme la culture du risque doit être renforcée.»
Chloé Azaïs
ENCADRÉ
Renforcer les moyens
Depuis la saison 2022, le Sdis de l’Aveyron a renforcé ses moyens en matière de feux tactiques, de logistique (véhicules, citernes souples) mais également de planification opérationnelle (partenariat avec les Cuma, facilitation de l’accueil des colonnes de renfort). Avec le soutien du Fonds Vert, un drone a été acquis. Le Sdis de l’Aveyron devrait également bénéficier dans les trois prochaines années de matériel (notamment des camions) et de moyens supplémentaires pour la lutte contre les feux de forêt dans le cadre du “pacte capacitaire” mis en place part l’État.
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