Partir. En voilà une idée. Peut-être la plus noble d’entre toutes. Laisser choir, en cette période estivale, tous nos tracas et nos doutes pour leur préférer la belle aventure et la carapate.
Sortir des cités où l’on étouffe pour gagner le grand air, les prairies, les sommets, s’allonger au bord d’un ruisseau, camper près d’un lac, poser son sac à dos à l’ombre d’une grange. Rêver sous les rameaux et les pampres. Oublier le boulot, les contraintes, l’argent qui fait défaut. Se baigner au petit matin dans une mer sans vague, courir la prétentaine et pourquoi pas le guilledou.
Faire natchave comme les manouches, prendre la tangente, la poudre d’escampette ou la clef des champs. Oui, la clef des champs. Mais à l’ancienne, avec un F, ou en l’écrivant “claie” comme dans ce français champêtre où l’on évoquait une barrière dans les pâtures en treillage.
Se souvenir de ces trains qui filent dans le soir et regarder tomber les étoiles d’un miroir brisé dans la nuit. Respirer au grand soleil l’air des grandes saisons. Vivre le nez dans l’herbe avec les myrtilles de l’enfance, respirer encore une fois l’ombre fraîche des cuisines d’antan. Passer dans du linge étendu sous la fenêtre ouverte d’une belle des champs.
Retrouver le parfum mystérieux des adultes et cette promesse infinie qui parlait de sarabandes, de dimanches en famille et de pays de plein vent. Se dire que, pour toujours, nous avons déjoué l’usufruit des ans.
Se dire que Rimbaud n’a jamais écrit “Les oiseaux et les sources sont loin”. Se dire que Baudelaire n’a jamais dit «Adieu vive clarté de nos étés trop courts».
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