Elle pousse là-bas, derrière le poulailler, à la proue du jardin. Quelque part entre le vieux poirier et le cabanon aux planches noircies. On ne sait pas depuis quand elle est là. Parce que c’est la grand-mère ou peut-être même l’arrière-grand-mère qui l’a semée. Ce dont on se souvient, en revanche, c’est de ces tiges rouges qu’elles récoltaient au mois de mai pour la confiture avant de les peler et de les découper en cubes.
Drôle de plante que cette rhubarbe, ni fruit, ni légume finalement, indissociable de nos souvenirs d’enfance avec tous ces pots retournés sur le buffet et cette odeur acide qui se mêle à celle du sucre chaud montant des casseroles. Des casseroles qui, paraît-il, quand elles ont “accroché” peuvent être nettoyées grâce à la rhubarbe que l’on y fait cuire.
Autre atout non négligeable, la plante en question, comme l’indique l’étasunien Scott Cunningham dans son “Encyclopédie des herbes magiques”, garantirait la fidélité du conjoint, à condition qu’elle soit consommée sous forme de tarte. Le précieux manuel précise également que porter un collier de rhubarbe autour du cou préserverait des douleurs d’estomac et des venins de serpent. Précisons encore que la rhubarbe confite peut accompagner un rôti de porc ou une escalope de volaille. Tout comme elle peut être accommodée en compote, clafoutis, crumble, sirop, apéritif ou sorbet.
De quoi regarder où l’on pose ses Pataugas quand on va faire un tour au fond de ce jardin que l’on croyait abandonné.
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