Les déviations peuvent quelquefois conduire vers des chemins de traverse sertis au fond de nos mémoires. En voici la preuve.
Alors que nous redescendions récemment de l’Aubrac vers le Midi, nous avons dû emprunter une voie de délestage à hauteur de Sévérac-le-Château. Et voilà que je me retrouve sur cette route où, 47 ans plus tôt, nous sommes tombés en panne avec mes parents au retour d’un voyage en Lozère où nous étions allés occire le nourrain. Mon frère François est au volant du vieux Combi Volkswagen, il neige et il fait nuit. Dans une côte, un bruit suspect, moteur bloqué.
11 heures du soir en rase campagne, il faut trouver un dépanneur. Mon père, qui devait avoir l’âge que j’ai aujourd’hui, part donc seul, emmitouflé dans sa parka de tailler la vigne, sur cette route où un routier le conduit jusqu’à Sévérac. Il sera de retour au petit matin avec un garagiste. Le diagnostic tombe dans l’après-midi : c’est une bielle, il faut immobiliser le véhicule.
Ce fut ma première nuit passée dans un hôtel. Le bon côté des pannes quand on a 10 ans, le repas pris en commun dans la chambre et l’inoubliable partie de baby-foot avec mon père et mon frère dans la grande salle du rez-de-chaussée. Enfin, dès le lendemain, le cousin Robert qui vient d’Aumont pour nous raccompagner dans les P.-O. Six dans la Renault 6 : ma mère, mon père, mon frère, ma belle-sœur, le cousin, le rédacteur de cette chronique, un cochon en morceaux et un lapin vivant.
Une époque formidable, finalement !
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