Chambre de Métiers et de l'Artisanat de l'Aveyron
Jeudi 8 juin, l'atelier Aubrac Bottier recevait un visiteur de marque en la personne du Préfet de l'Aveyron, Charles Giusti. Ce dernier est venu échanger avec Frédéric Salé à l'invitation de la Chambre de Métiers et de l'Artisanat de l'Aveyron et de son président, Pierre Azémar, dans le cadre de la Semaine de l'Artisanat.
Du 2 au 9 juin, le réseau des Chambres de Métiers et de l'Artisanat (CMA) de France organisait la Semaine de l'Artisanat. Dans ce cadre, l'opération Artisan d'un jour se présente comme «une plongée dans le quotidien d'une entreprise artisanale» au cours de laquelle une personnalité, «au fil de ses échanges avec l'artisan, les salariés ou apprentis, va découvrir les attraits et les problématiques de l'artisanat».
Cette personnalité, c'était le préfet de l'Aveyron, Charles Giusti, et cet artisan, c'était Frédéric Salé, accompagné de son employée Soraya. Le président de la CMA, Pierre Azémar, était présent, ainsi que Philippe Revel, directeur, Bruno Romiguier, qui a accompagné le bottier dans son installation en 2018, Géraldine Rivière, chargée de communication, et Sylvie Miquel, de la Direction départementale de l'emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations (DDETSPP). Le tout en présence de Patrick Horville pour la mairie de Saint-Côme.
Le chausseur a d'abord présenté son parcours, expliquant avoir été fasciné très tôt par la fabrication des chaussures. Au point d'en avoir fait son métier, d'abord dans la confection, après sa formation à Romans-sur-Isère, capitale de la chaussure, puis dans le sur-mesure orthopédique. «En somme, a résumé le préfet, depuis l'âge de 14 ans, vous ne travaillez pas», évoquant Confucius («Choisis un travail que tu aimes, et tu n'auras pas à travailler un seul jour de ta vie»).
Puis, pendant près d'une heure et demie, à bâtons rompus, Charles Giusti a posé de nombreuses questions sur la fabrication des chaussures, les matières premières et l'outillage, l'organisation de l'atelier et de la vente, la mode («bouts ronds, pointus ?»), la production de l'atelier, l'origine de la clientèle... Autant de questions qui ont donné lieu à un échange riche au cours duquel l'artisan a expliqué aussi bien l'origine aveyronnaise de ses cuirs, dont la qualité assure la solidité, que l'utilisation de formes qui ne se démodent pas trop, la quarantaine de paires de chaussures qu'il peut produire par mois, dont 80% sont vendues directement à l'atelier...
D'autres problématiques ont été évoquées, comme la hausse des prix. «Vous avez dû augmenter vos prix ?» demande le préfet, «Oui, d'environ 10%, parce que le cuir a augmenté». «Comme tous les matériaux, à cause du coût de production», précise Pierre Azémar.
Le fait de franchir un cap et de s'agrandir a également été évoqué entre le préfet, l'artisan chausseur et le président, boucher de son métier. Frédéric Salé a fait l'acquisition d'une maison un peu plus bas dans l'avenue de Saint-Geniez pour y déplacer son atelier et aménager une boutique (un “show room”), dans la maison voisine de celle qui a vu La Forge de Laguiole renaître dans les années 1980, rappelle Patrick Horville. Une maison que Frédéric fait visiter à l'assistance, et dans laquelle il espère s'installer au plus tard dans un an.
Mais outre l'aspect financier de l'agrandissement, le problème est de fidéliser des employés qui, pas toujours originaires de la région, emmènent ailleurs le bagage d'apprentissage dispensé par Fred. Et d'évoquer cet équilibre fragile entre artisanat et gestion : «Le risque c'est de perdre le côté artisan», convient le préfet.
Charles Giusti étant visiblement intéressé par la fabrication, et connaisseur en matière de chaussure, Frédéric Salé a pu lui montrer quelques techniques de fabrication, avant que l'agenda des uns et des autres ne prenne le dessus. Mais notre petit doigt ne serait pas étonné si une semelle de cuir de notre bottier faisait bientôt résonner les parquets de la préfecture.
XP
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