Les grandes lignes des étapes du déconfinement annoncées par Emmanuel Macron le 3 mai ont été, comme à chaque fois, en partie précisées une semaine plus tard par Jean Castex. Après la fin des restrictions de déplacement et la réouverture des collèges et lycées, nous voici parvenus à ce fameux 19 mai et à la réouverture des commerces “non-essentiels”, des lieux culturels, des cafés et des restaurants, mais seulement en terrasse. Et à demi-jauge. Et avec obligation de consommer assis. Et encore n’est-ce pas clair sur la configuration des dites terrasses. Mais comble du bonheur, le couvre-feu est repoussé de 19 heures à 21 heures !
Le 9 juin, c'est presque la libération, puisque nous aurons la permission de 23 heures et que les cafés et restaurants pourront rouvrir leurs terrasses à 100% et leurs salles... à mi-capacité. Et toujours à 6 convives maximum (alors qu'on passe de 6 à 10 sur la voie publique). Mais il sera long, ce mois de juin, puisque le couvre-feu ne sera levé que le 30.
Alors que la régionalisation des mesures — comme la règle des 100 km il y a un an, le couvre-feu et la fermeture de commerces dans les zones plus touchées en octobre ou le déplacement inter-départemental il y a deux mois — n'a jamais tenu le coup plus de quinze jours, malgré de grosses disparités dans la propagation de l'épidémie, on peut se poser des question sur cette “sortie de confinement” version longue.
Le 2 juin 2020, quand les cafés et restaurants ont rouvert après un confinement alors inédit et dur, la seule question qui se posait était de savoir si l'on devait être assis sur un tabouret pour consommer au bar. Et encore la météo était bonne. Aujourd'hui, alors que nous sommes (un peu) vaccinés, que nous avons des masques, que nous avons appris à nous laver les mains, on nous cantonne aux terrasses, et jusqu'à 21 heures maximum. Et comble d'ironie, il pleut !
Les restaurateurs et bistrots qui n'ont pas de terrasse feront mieux d'attendre la prochaine étape, ceux qui en ont une ne sont même pas certains de pouvoir l'utiliser. Globalement, ceux qui ont fait des plats à emporter depuis le début de la crise continueront, faute de pouvoir asseoir tous leurs clients. Et les employés, ouvriers, artisans continueront de casser la croûte dans la même promiscuité que depuis des mois, dans des bureaux, véhicules ou bases de vie de chantier.
Par contre, durant le pont de l'Ascension, qui a connu comme prévu une affluence hors norme, les pélerins se sont massés le long du chemin de Saint-Jacques dans le moindre abri. Au sujet de ce pont, les personnes qui se sont rendues dans des résidences privées ont pu librement utiliser des piscines qui étaient fermées l'été 2020 si la copropriété n'avait pas un vigile pour veiller au respect de la jauge. Une règle qui a disparu des radars quand d'autres ont apparu.
Enfin, les commerces “non-essentiels”, les musées et les cinémas vont pouvoir rouvrir. À ce sujet, je ne peux m'empêcher de rappeler qu'on n'avait pas le droit d'acheter un frigo ou une gazinière, mais une plancha ou un appareil à raclette oui, des chaussures non mais un maillot anti-transpiration pour le sport oui, et j'en passe. Mais avait-on besoin de les fermer, surtout dans nos zones rurales, où l'on avait assimilé les gestes barrières et la distanciation ?
Bref, il y a un an, après un déconfinement plus rapide et moins strict, on n'a pas enregistré de rebond épidémique entre juin et septembre. On peut légitimement se poser la question de l'utilité de certaines contraintes, et avoir l'impression qu'on nous donne des miettes de liberté pour ménager la chèvre et le chou (les inquiets et les exaspérés) en attendant les élections. Et nous ne faisons que passer d'une petite cage à une autre plus grande.
Nos photos : Alors que la météo n’est pas au beau fixe, faisant douter certains, comme David Burgarella, de l’ouverture immédiate de leurs terrasses, d’autres comme Janou Lacan, faute de place suffisante, continueront le service à emporter tout en accueillant le nombre de clients que la jauge autorise. Yohann Aubin continuera le service à emporter en espérant que le soleil lui permette d’ouvrir sa terrasse de la place du Marché. Au Saint-Damien à Saint-Côme, on est déjà complet pour plusieurs services après 7 mois de fermeture.
Et pour ceux qui n’ont pas de terrasse, il faudra attendre le 9 juin...
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