LE JARDIN DES SAMBUCS
Suivez la D986 direction Saint-André de Majencoules et bifurquez vers le hameau du Villaret, en traversant le pont sur l’Hérault sur la D355 (à 5 km de Pont d’Hérault).
Allez lentement, la configuration des lieux n’est pas réservée aux amateurs de vitesse et garez-vous sur le parking du Jardin des Sambucs à main droite.
Continuez à pied jusqu’au portillon aux couleurs flamboyantes et découvrez…
Découvrez les constructions hors du commun où pierres, verre et tesselles s’allient pour former des sculptures aussi surprenantes qu’extraordinaires...
Des arbres de galets dressent ici leurs silhouettes sur les faïsses, tels des montjoies* géants parmi une végétation luxuriante où les bambous trouvent leur bonheur autant que les nénuphars dans les nombreux bassins, dolines* et fontaines.
D’énormes œufs de galets reposent dans des nids gigantesques créés de toute part tandis que cochons, canards ou poules en terre cuite semblent jouer à cache-cache entre deux exclamations minérales ou deux plantes judicieusement déposées.
Dans un adorable fouillis savamment ordonné, la verdure et la pierre se mêlent, s’emmêlent et pêle-mêle jouissent des mêmes ondes aquatiques que l’eau distribue en jets, cascades ou bruissements.
À lire : Dix activités pour profiter du mois de mai
Tout ce monde est une histoire familiale en fait lorsque, 30 ans auparavant, un grand-père jardinier a tenté de planter quelques oliviers.
Sur les 5.000 m2 de terre en espalier, où hélianthes et figuiers se partageaient l’espace parmi un fouillis de ronces, il a fallu alors la récupération des objets d’une tante, la complicité d’un plombier de la famille, beaucoup d’huile de coude et l’œil averti d’Agnès, la fille, pour que l’espace devienne peu à peu un magnifique et interminable labyrinthe de jeux d’ombres et de lumières.
Le talent créatif de Nicholas l’époux a sublimé le tout et des bâtis de galets hors du commun sont sortis de terre.
Le site a ouvert ses portes au public en 2002 avant d’obtenir le classement «Jardin remarquable» en 2004 et ce n’était que le début !
En 2011 : le jardin est signataire de la charte européenne du «Tourisme Durable en Espace Naturel Protégé».
En 2013 : il est élu «Coup de cœur» par l’Association des Journalistes du Jardin.
En 2017 : il s’inscrit dans la marque inspirée par la nature «Esprit Parc National»...
Arbres gigantesques alternent ainsi avec sphères lunaires colossales, bancs extraordinaires, champignons vertigineux, voûtes monumentales aux galbes parfaits dans un monde féerique où le regard n’a de cesse d’être surpris qu’une fois le portillon refermé.
Les rampes permettent de suivre sans se perdre le dédale de la végétation, nez en l’air pour découvrir les ONI (objets non identifiés) qui dépassent parfois des ramures, faisant scintiller les tessons de bouteilles ancrées dans le béton dissimulé.
Modèle du facteur Cheval ? Non pas, ici ce n’est pas un Palais, c’est une forêt, un univers hétéroclite qui rend hommage à la création et à l’art singulier.
Partout, des textes sur des tôles en fer blanc, qui expliquent, extrapolent, situent le contexte, s’évadent, permettent de s’évader, de redevenir enfant, rêveur dans un macrocosme envoûtant.
À lire : Carnet de voyage : Émilie au Cap-Vert [1]
Parmi eux, devant «Une Pluie de Poêles», «conséquence d’une chute de météorite», l’écrit conseille, pour inverser le phénomène du réchauffement climatique, de dire très vite et très haut cette phrase : «Proie d’une pluie de poêles broyés ployant sous la pluie, sous la poix, quel effroi, j’ai les foies !» ou cet autre, signé de Walter Wasser, qui affirmait que «le verre symbolisant la moisissure créative sauverait l’architecture fonctionnelle de la ruine morale !» Il s’était inspiré du Manifeste contre le rationalisme dans l’architecture de l’abbaye de Seckau du 4/07/1958.
A méditer ou prendre au second degré ? Le libre arbitre est laissé à chacun.
Rien n’est dû au hasard, tout est travaillé, recherché avec minutie et amour.
C’est ainsi qu’au plus bas du jardin, des salons de pierre interminables aux allures princières, drapés de coussins multicolores permettent de donner un second souffle à la visite en observant, là-haut, ces drôles de choses colossales qui semblent parfois pencher leur sommet vers la terre.
Illusion dans ce monde fantastique.
Le repos peut être alors désaltérant devant une boisson à l’hibiscus et aux fleurs ou un sorbet maison ; bienfaisant, bercé par le glou-glou de l’eau ; gustatif pour un croq-jardin salé ou croq-goûter sucré (à réserver) composé uniquement des produits du potager ou culturel pour une lecture dans ce havre de verdure.
Trois heures plus tard au minimum, la visite terminée débouche sur la route (mais l’est-elle vraiment car tout est à découvrir, nez en l’air à l’aller et en bas au retour !).
Immersion dans le réel, impression de déjà-vu (le bitume) et envie d’un retour aux sources derrière le portillon.
Trop tard.
Les instants magiques laissent des traces mais s’effacent aussi et seuls parmi la canopée des êtres de galets, structurés, momifiés, semblent lancer un dernier au revoir dans un fatras de verdure comme un défi au temps…
Et si le trajet en venant d’Aveyron vous semble long, sachez qu’il y a un gîte qui surplombe le Jardin chez MarLou, la fille des jardiniers créateurs.*
Brigitte Jeune
* montjoie : pierre dressée pour marquer le chemin des troupeaux.
* doline : dépression naturelle d’argile, recueil d’eau pour chez MarLou : 06.33.30.38.91.
Renseignements : jardinsambucs@gmail.com - 06.82.49.59.19 (ouverture d’avril à septembre).
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.