Préfecture de l’Aveyron
Sous le portrait de Jean Moulin, préfet de l’Aveyron entre mars 1938 et janvier 1939, Charles Giusti évoque d’un ton solennel les débordements lors des rassemblements contre la réforme des retraites le mercredi 8 mars à Millau et le mercredi 15 mars à Rodez. Durant ces derniers, des groupes de protestataires avaient mené une opération «péage gratuit» sur le Viaduc de Millau et une centaine de personnes appuyées par deux tracteurs clamaient leur indignation devant la préfecture à Rodez.
Dans les deux cas, les manifestants dénoncent la violence de la réponse policière et dans le cadre du “péage gratuit”, la Confédération paysanne parle même de bavure policière. «Je tiens à souligner le travail remarquable des policiers et gendarmes qui ont gardé leur sang-froid. Ils ont appliqué une réponse proportionnée». Le préfet insiste sur la violence et la recherche de confrontation de certains manifestants. Selon la préfecture, à Millau, il y a deux blessés parmi les manifestants avec en plus Christian Roqueirol, figure de la Confédération paysanne, victime d’un traumatisme crânien après un plaquage par les forces de l’ordre. Deux gendarmes ont aussi été blessés.
Le représentant de l’État a rappelé que l’on pouvait se réjouir que, lors de la manifestation de Rodez, aucun blessé ne soit à signaler. Il n’y a pas eu non plus d’interpellation. Contrairement à Millau où deux membres de la Confédération paysanne ont été placés en garde à vue. «Mon objectif est que tout se passe bien, que les gens puissent exercer le droit à manifester de manière optimale», rappelle Charles Guisti.
L’ancien administrateur supérieur des Terres australes et antarctiques françaises dénonce la coupure de courant qui a privé d’électricité pendant trois heures une partie de la cité ruthène et la mise en danger de personnes dépendant d’un appareil médical. Les deux manifestations avaient été déclarées et autorisées, mais pas devant la préfecture ou sur le viaduc de Millau. De plus, les manifestants millavois ont découpé le grillage pour accéder au site. «Je n’ai jamais refusé les déclarations à manifester», précise Charles Giusti. Le préfet dénonce aussi les faits de violences contre les policiers et gendarmes et son attention de saisir le procureur de la République pour non-déclaration de manifestations et mise en danger.
Point sur la situation hydraulique
Après la gestion des manifestations, la préfecture évoque la situation hydrologique du département. Le bilan ? Les dernières averses ont été efficaces, elles ont permis de recharger les retenues d’eau et d’humidifier le sol. De novembre à fin mars, c’est la période de recharge des cours d’eau. Un moment crucial. «Au 21 février on était à 66% de recharge en moyenne sur le département et le 13 mars, nous sommes à 78%», détaille le préfet. Une pluie miraculeuse, mais qui va devoir se reproduire sur le mois de mars.
Le déficit sur l’Aubrac et sur le Nord-Aveyron est encore de 20 à 25%. Cependant, le préfet se montre confiant, «même si rien n’est gagné», le mois de mars a été le plus pluvieux depuis 2013. «L’enjeu c’est qu’il pleuve régulièrement et que le beau temps ne dure pas trop», nuance l’ancien officier de marine. La préfecture convoquera une nouvelle fois le comité de ressource en eau, dans les quinze premiers jours d’avril, pour établir un bilan et les décisions à prendre pour les mois suivants.
Toujours sur le thème de l’environnement et de la sécheresse. Le préfet a fait appel depuis une quinzaine de jours à un chargé de mission pour préparer les forêts aveyronnaises contre les incendies pour l’été prochain. En partenariat avec des acteurs locaux comme l’ONF, le SDIS… le travail portera sur quatre grandes thématiques : le débroussaillage obligatoire dans certaines communes, la défense des forêts contre les incendies, la mise en place de patrouille et la communication.
La lutte contre les stupéfiants
Charles Giusti a aussi tenu à souligner la hausse importante de la consommation de drogue dans le département — cannabis et cocaïne — et les trafics qui en découlent. «Ce sont des petits trafics, mais qui sont en augmentation et qui touche désormais les milieux ruraux et pas seulement les grandes villes». Le préfet souhaite renforcer la lutte contre les stupéfiants avec plus de contrôle et mener des actions coups de poing sur cette question toujours en lien avec le procureur.
La préfecture organisera ce jeudi 23 mars à Luc-la-Primaube, une journée dédiée aux énergies renouvelables avec comme thématique les leviers d’actions et les freins au développement de cette énergie.
Aline Amodru-Dervillez
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