Pouvoir d’achat
Espalion, vendredi 3 mars, emmitouflés dans de chaudes doudounes, les clients parcourent la rue Droite en zigzaguant entre les échoppes. Il est tout juste 9h. Ils sont accompagnés par des effluves de poisson, de paella ou de farçous. Les consommateurs sont surtout des retraités — il est difficile pour les actifs de se libérer le vendredi matin.
Ils traînent derrière eux un chariot de courses et se saluent joyeusement quand ils rencontrent un visage familier. «Faire le marché m’oblige à sortir et je trouve du monde pour discuter», sourit Marie-Louise, habitante de Flaujac. Pour les habitués et les commerçants, le marché reste un lieu de rencontre et de convivialité. «C’est un art de vivre», rappelle Gérard qui accompagne son épouse à la recherche des meilleurs fruits et légumes.
Des prix en augmentation
Le marché peut se révéler un outil intéressant pour le porte-monnaie des Aveyronnais. Généralement, les légumes et fruits de saisons y sont moins onéreux et de meilleure qualité que dans les supermarchés. «J’achète mes yaourts ici, ils viennent du Cayrol et ils sont moins chers qu’au supermarché», précise Marie-Louise.
Pourtant, aucun ne se leurre, les tarifs sur les étals ont bien augmenté. Désormais, même sur le marché, les clients comptent leurs sous et sont obligés de choisir les denrées qu’ils achètent. Certains prévoient même le budget des courses en espèces, «comme ça, je ne peux pas dépenser plus que ce que je n’ai», affirme une passante. Les aliments les plus impactés par cette hausse des prix sont la viande, les produits laitiers et les œufs.
En février 2023, les derniers chiffres de l’inflation ont atteint +6,3%. Cette augmentation devrait se poursuivre sur le mois de mars et arriver à son pic au printemps. «Je vais à la poissonnerie sur le marché, le poisson y est plus cher qu’en supermarché, mais de bien meilleure qualité», précise Cécil, habitant d’Espalion. Les atouts du marché ? Proximité et qualité.
Qualité et proximité
«Pour les fruits et légumes, on préfère les acheter au marché, c’est local», précise Gérard. Une vision partagée par Marie-Louise qui est ravie de savoir ce qu’elle consomme, d’où proviennent les aliments… Des produits frais et en circuits courts, c’est ce que recherchent les clients. Certains privilégient même les emplettes sur les marchés pour réduire leur consommation de plastique et leur empreinte carbone. «Je vais plus souvent au marché que dans les supermarchés, car je peux venir à pied, et je ne suis pas obligé de prendre ma voiture», précise Cécil.
Cependant, beaucoup complètent leurs achats à la Rue Droite par une virée en grande surface une fois par mois ou tous les quinze jours pour constituer un fonds de maison et faire un peu de stock surtout pour ce qui concerne les produits ménagers. Mais la majorité des emplettes sont réalisées au marché comme le confirme Gérard ou Cécil. Pour réduire la facture des courses, les Espalionnais rencontrés le vendredi matin attendent avec impatience le retour du printemps pour planter leur propre jardin, comme c’est le cas pour Marie-Louise qui a hâte de semer son potager.
Les témoignages recueillis lors de cette balade à travers les étals expriment un attachement profond des Espalionnais pour leur marché. Certains regrettent la disparition du petit marché le mardi. Et même si les prix augmentent, ils privilégieront ce mode de consommation locale et à visage humain. Comme le résume Gérard, c’est une tradition et un art de vivre à perpétuer.
Aline Amodru-Dervillez
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