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Mon Aubrac. André Valadier, fils de l’Aubrac

Aveyron.

À la première personne du singulier, André Valadier préfère la première du pluriel. Il n’y a là nulle coquetterie. «Un homme seul ne peut rien. Si j’ai pu, parmi vous et avec vous, faire œuvre utile, c’est dû avant tout à votre adhésion, à votre confiance», déclarait-il ainsi, naturellement, lorsqu’en décembre 2011, il recevait des mains de Jean-Charles Arnaud, président de l'INAO, l'Institut National des Appellations d'Origine, la Croix de la Légion d’honneur pour l’ensemble de son oeuvre. Une oeuvre collective donc. Mais que serait l’équipe sans un bon capitaine ? Et la chute d’eau sans la turbine qui transforme la force en énergie ? (par Michel Heuillet dans Terres d’Aubrac n°2, mai 2014)

Mon Aubrac. André Valadier, fils de l’Aubrac

L'œuvre d’André Valadier est toute entière tournée vers l’Aubrac. Sa terre, celle de sa famille, de ses aïeux et de ses enfants. Une terre rude, «un espace âpre et généreux» mais dont le modèle économique vivrier avait du mal à s'intégrer dans la modernisation de l'économie agricole. L'Aubrac aurait pu survivre et se développer pour la pureté de son air, pour la sérénité qu'elle offre à ses visiteurs ou pour la littérature tant les mots, seuls, peuvent en dire la grande beauté. Heureusement, des hommes ont refusé la fatalité. Des visionnaires forcément audacieux. Nul mieux qu’André Valadier ne les illustre même s’il n’entend pas récolter seul, on l'aura compris, tous les fruits du labeur. C'est vrai que jamais il ne fut seul. Jamais. Il fut, aussi, toujours soutenu par Geneviève, son épouse qui parfois le précédait en nourrissant pour la terre de ses ancêtres tout autant d’ambition que son mari.

«Nos aïeux ont modelé l’Aubrac qu’ils nous ont confié, en l’ordonnant par une mosaïque de champs, de prés, de pâtures et de montagnes. L’emprise harmonieuse des bosquets et des ruisseaux, des drailles et des chemins, fait apparaître la signature des hommes, de leur travail et de leurs parcours» écrivait André Valadier qui aime à rappeler que «la tradition sans modernité est stérile, mais la modernité sans tradition est aveugle», citation qui, progressivement, devient la maxime de l’Aubrac. C’est l’Aubrac de cet homme que l’on va vous raconter. Ou plutôt qu'il va vous raconter. «Je suis fils de l’Aubrac», aime à rappeler celui qui ne pourrait vivre ailleurs que sur le plateau, mais un plateau vivant, au milieu de ses vaches. Un amour passionné pour sa terre et ses bêtes au point qu'il se souvient du nom, de la généalogie des descendantes de nombres de ses troupeaux qu’on ait vu défiler et transhumer au rythme des saisons ! 

Précision pourtant : si André Valadier est fils de l'Aubrac, il se revendique d'abord de l'Argence. Les astrologues diraient qu'il est du signe de l'Aubrac ascendant Argence… C’est au plus profond de ces racines que l’on trouve la clé, le moteur et le carburant d’André Valadier.

«La souche Valadier prend racine à Paulhac de Vitrac. On en trouve déjà des traces en l'an 1300 avec des reçus de journées d'attelage de bœufs mis à disposition de la domerie d’Aubrac...  Moi, je suis né au hameau des Clauzels, sur la commune de La Terrisse, le 21 mai 1933 à midi. C'était un dimanche. Le docteur Astruc, qui m’a mis au monde, était maire de la commune. Ce jour-là, il était invité à déjeuner au presbytère et, par ma faute, il est arrivé en retard… Mon père, Léon, était le septième enfant d’une fratrie de 19 qui, pour la plupart, sont «montés» à Paris... ! Très tôt, il fut confié à ses grands-parents qui, après une campagne à Paris, s'étaient retirés à La Terrisse. Cela faisait une bouche de moins à nourrir tout en sécurisant les perspectives liées à l'âge et à la dépendance des grands-parents… Maman s'appelait Zélie. Elle venait d’Huparlac. Ils se sont mariés en 1931, je fus leur seul enfant.» 

«Mon père m’inculqua dès mon enfance le sens du service aux autres avec, pour exemple, l’efficacité au travail et la rigueur morale qui émergeaient de son échelle des valeurs dans toutes ses actions… Chez nous, comme partout sur l’Aubrac, les vaches placées à la montagne étant descendues après avoir payé leur estive avec leurs pis, mon père m'apprenait le soir, les devoirs de l’école étant terminés, à fabriquer les fromages de fin de saison. Comme du temps de son père et de son grand-père, la bonne gestion dans une autarcie absolue voulait que durant les fins de lactation qui allaient de la Saint-Géraud aux premières neiges, on puisse, avant les tarissements, traire, faire cailler le lait, presser la tome afin d’obtenir assez de petites fourmes pour assurer la consommation familiale de toute l’année...»

«Pour mon père qui avait été loué très jeune et n'avait donc pu y aller longtemps, l'école était essentielle. Il n'acceptait pas qu'on puisse manquer un seul jour de classe. Plusieurs fois par des temps de grande neige, c'est sur ses épaules qu'étaient parcourus les deux kilomètres qui nous séparaient de l'école... Je lui récitais mes leçons le matin pendant qu'il faisait la traite des vaches. Il était très exigeant et les notes ne pouvaient être que maximum. Aujourd'hui, je lui en suis reconnaissant... Après l'école de La Terrisse, je suis...

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