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Un jour, à Espalion…. Hilarian : le saint introuvable ! [5/12]

Histoire. À propos du mystérieux patron d'Espalion, Hilarian, notre archiviste anonyme propose en une douzaine d'épisodes signés Jean Ignare une recherche sur le saint introuvable, mais connu de tous.

Un jour, à Espalion…. Hilarian : le saint introuvable ! [5/12]
Saint Hilarian remettant sa tête à sa mère.

Pour conclure ce chapitre sur la dévotion populaire, poursuivons avec le hameau de Lévinhac (nom d’origine gallo-romaine, probablement d’après le patronyme Lavinius, propriétaire d’un grand domaine) sur la commune de Saint-Côme, où la tradition établit la naissance du saint.

En 1883, l’abbé Louis Servières précise qu’à Lévinhac «Deux maisons se disputent l’honneur de lui avoir donné le jour, celle d’Antoine Vidal et celle de Linars, cette dernière demeure n’existe plus depuis quelque temps.»

Pour le père Pierre Blanc, en 1992 : «Aucun document sérieux ne dévoile le lieu d’origine.» Et il ajoute : «(…) Lorsque les moines de Conques à la fin du XIe siècle ont relevé la paroisse de Perse, ils n’ont pas dit que St Hilarian, patron de la dite paroisse, était originaire de Lévinhac mais seulement (au témoignage sérieux des Bollandistes) que pour célébrer avec plus de sécurité le Saint Sacrifice de la messe, il se rendait avec prédilection à Lévinhac.»

De nombreux auteurs reprennent cette évocation, selon la légende…
En 1924, Joseph Lacroix n’a pas de doute : «Originaire de Lévinhac (…)» Et «Il avait environ 32 ans lorsqu’il retrouva sa mère à Lévinhac, et se mit en devoir d’évangéliser la région.»
En 1963, Joseph Vaylet : «Lévinhac origine gallo-romaine, pays natal au XIIe siècle de saint Hilarian qui, par son martyr, est devenu le patron d’Espalion.»
En 1966, dans «Saint-Côme d’Olt, son histoire» Marcel Carnus et Emile Cabanettes ne s’opposent pas à cette légende : «D’après la tradition, saint Hilarian, patron de la ville d’Espalion, serait né, vers 760, dans une famille noble de Lévinhac. S’étant fait prêtre, paré d’une rare vertu, il se rendait souvent, selon une pieuse légende, de Lévinhac à Perse, qu’il desservait.»
En 1992, Pierre Vergnes : «Notre Saint, s’il n’a pas été victime des Normands, vers l’An Mil, ou des Anglais au XIIIe ou au XIVe siècle, serait donc contemporain de Charlemagne, né vers 760, à Lévinhac dans une famille noble. Légende d’honneur pour deux maisons : celle d’Antoine Vidal ou celle des Linars qui se flattaient d’avoir abrité son berceau…»
En 1995, Jean-Pierre Noisier : «Après sa mort, d’après la légende, le corps a été transporté à Lévinhac pour l’ensevelir en attendant de lui donner une sépulture définitive sur les lieux où il avait vécu.» Le même auteur ajoute dans un autre écrit : «Enseveli à Lévinhac dans un premier temps, son corps fut ensuite transféré à Perse.»

Les fêtes du 15 juin font partie des dévotions, elles sont mentionnées plusieurs fois comme la fête du 15 juin 1450, (déjà évoquée en 2e partie). Puis, Pierre Blanc indique : «Dès le début du XVIIe siècle, la fête profane avait pris le pas sur la fête religieuse. Danse au foiral, au son des violes ou des cabrettes, le banquet communal offert par les trois plus jeunes mariés de la cité, le feu de joie place du Plô.»
Louis Servières rappelle : «Saint Hilarian est honoré à Perse par une fête liturgique et un office propre.»
En 1654, suite à la peste, une délibération annule la fête profane mais la fête votive demeure.
Le 25 août 1668, un mandement de Voyer de Paulmy, évêque de Rodez, impose à ses ouailles : «Nous défendons aux paroissiens d’Espalion de faire des fouaces pour porter leurs offrandes au son des violons et des hauts-bois, ni de danser le jour de la fête votive.» Cela concerne le jour de la saint Hilarian.
Pour les années 1774 et 1775, dans les charges locales de la commune d’Espalion, une dépense mentionne pour 55 livres de cire blanche et de poudre à tirer pour les jours de la Fête-Dieu et de la saint Hilarian patron de la paroisse.
Le 15 juin 1793, la fête religieuse de saint Hilarian sera célébrée en catimini.

À partir de 1807, semble-t-il, on célèbre la saint Hilarian le dimanche qui suit le 15 juin. Deux siècles plus tard, rien n’a changé.
Au XIXe siècle, après la messe du matin et les vêpres de l’après-midi, un pèlerinage clôture les offices à l’église de Perse. Certaines années, sur le parcours de la procession, des reposoirs s’élèvent où des épisodes de la vie du saint sont représentés. Ainsi, les plus jeunes sont familiarisés avec la légende.
Le 16 juin 1878, pour la première fois, des jeunes gens de la ville organisent une fête populaire et un comité se constitue pour coordonner les jeux. Malheureusement, des pluies diluviennes viendront gâcher la fête patronale.

L’année suivante, le 15 juin 1879, pour sa deuxième édition, le comité d’organisation ajoute un feu d’artifice. La fête populaire commence à supplanter la fête religieuse. Ce jour-là, on évalue à près de 2.000 les visiteurs extérieurs à la commune se rendant à cette fête.
Le 19 juin 1881, la fête religieuse se poursuit dans la tradition : ainsi la messe du matin et les vêpres de l’après-midi sont suivies d’une procession du St Sacrement à travers les rues de la ville, tapissées et ornées de fleurs. Des reposoirs sont dressés par les habitants des quartiers où le cortège passe. Des fleurs et des draperies blanches ornent leurs maisons. Place du Plô, un reposoir représente un épisode de la vie de saint Hilarian. La fête se termine à 21 heures par un feu de joie sur le Pont-Vieux.

Les anciens documents où l’on trouve le nom du saint sont répertoriés.

Ainsi, le 12 janvier 1339, Margueritte de Villemur, baronne de Calmont, lègue par testament une somme pour le luminaire du saint patron vénéré par la paroisse. Marcel Carnus relève le nom de Sanch Alayra de Perse dans un testament de 1359 de Margueritte de Villemur. (Dans une église, le luminaire représente les torches et les cierges servant pour l’office divin.)

Autre document, le manuscrit sur parchemin de 1435, des archives communales, où pour la première fois le nom du saint est mentionné.
Le manuscrit sur parchemin qui relate la fête du 15 juin 1450 s’ajoute aussi aux documents collectés.
Le pouillé, qui fait état des bénéfices ecclésiastiques, est aussi consulté. En 1510, dans le dénombrement des bénéfices, le prieuré de Perse dont l’église est dédiée à St Hilarian est mentionné.

Le martyrologe gallican publié en 1637 par André du Saussaie, mentionnant «Sancti Ylariani Martyris», est pris en compte. L’écriture du nom de l’auteur varie : Saussaie, pour Affre ; Saussay, pour Servières et Saussey pour Touzery.

La collecte des anciens documents se poursuit….

À suivre…

Jean Ignare

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