J’appris l’existence du brigand Trigosse par un article de Bruno Ginisty (professeur d’histoire au lycée Monteil) ‘‘De la désertion au brigandage sous la Révolution et l’Empire”, présenté lors d’un colloque de 1993 consacré aux “Brigands en Rouergue, du XIe au XIXe siècle”. Il y évoque deux ou trois fois, parmi des dizaines d’autres, ce personnage conscrit déserteur (les conscrits sont ceux qui sont désignés pour partir à l’armée), voleur de grands chemins, terrorisant la contrée. Les archives départementales m’apprirent le reste. Ce que l’on sait de lui provient de son interrogatoire et surtout de celui de ses victimes, en 1810, et d’un dossier identique concernant l’un de ses comparses, Jean-Louis Nayrolles, arrêté en 1809. J’ai souvent repris ici des expressions de l’époque, reproduites des procès-verbaux. Elles sont parfois obscures, souvent savoureuses. Grâce à ces témoignages, on pénètre, presque en compagnie du voleur, dans l’intimité des petites gens de l’époque de Napoléon.
Le 22 juin 1809, Louis Romieu, ancien lieutenant de gendarmerie, pensionné, patrouille dans Estaing. Avec lui, Jean Viguarie, cordonnier, Antoine Cayla, Jean Fabre, maréchal-ferrant, Joseph Vergnes, ancien sergent, retraité, et Jean Viguié, ancien gendarme et garde champêtre. Ils ont appris par la rumeur publique que le nommé Nayrolles, membre d’une bande de conscrits réfractaires, a couché la veille en ville. Ils le trouvent, l’amènent chez le suppléant du juge de paix, qui, pour plus de commodité, va l’interroger à l’auberge de la veuve Antraygues. On prend son signalement : cinq pieds deux pouces (1,68m), cheveux châtain yeux gris, nez bien fait, bouche moyenne et menton rond, visage coloré, il a une cicatrice à la joue droite. Il est vêtu de deux chemises, deux gilets, une veste (on est en juin..), pantalon, demi-guêtres et souliers, mouchoir rouge au col et un “chapplan carabiné” (une veste de soldat ?). On a trouvé sur lui quatre écus de dix livres et une pièce de vingt sous dans une bourse rouge et verte.
Il s’appelle Jean-Louis Nayrolles, vingt ans, né à Aussalesses, près du Monastère (commune de Coubisou). Il est conscrit de 1809 (donc...
Jean-Louis Nayrolles
Le 22 juin 1809, Louis Romieu, ancien lieutenant de gendarmerie, pensionné, patrouille dans Estaing. Avec lui, Jean Viguarie, cordonnier, Antoine Cayla, Jean Fabre, maréchal-ferrant, Joseph Vergnes, ancien sergent, retraité, et Jean Viguié, ancien gendarme et garde champêtre. Ils ont appris par la rumeur publique que le nommé Nayrolles, membre d’une bande de conscrits réfractaires, a couché la veille en ville. Ils le trouvent, l’amènent chez le suppléant du juge de paix, qui, pour plus de commodité, va l’interroger à l’auberge de la veuve Antraygues. On prend son signalement : cinq pieds deux pouces (1,68m), cheveux châtain yeux gris, nez bien fait, bouche moyenne et menton rond, visage coloré, il a une cicatrice à la joue droite. Il est vêtu de deux chemises, deux gilets, une veste (on est en juin..), pantalon, demi-guêtres et souliers, mouchoir rouge au col et un “chapplan carabiné” (une veste de soldat ?). On a trouvé sur lui quatre écus de dix livres et une pièce de vingt sous dans une bourse rouge et verte.
Il s’appelle Jean-Louis Nayrolles, vingt ans, né à Aussalesses, près du Monastère (commune de Coubisou). Il est conscrit de 1809 (donc...
Il vous reste 90% de l'article à lire.
Vous devez bénéficier d'un abonnement premium pour lire l'article.
Abonnement sans engagementDéjà abonné ? Connectez-vous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.