Le Lot entre en Aveyron à Estables et Saint-Laurent d’Olt, perché dans une boucle de la rivière. L’Olt, qui garde dans ce pays son nom celtique, rejoint Saint-Geniez après une vingtaine de kilomètres de vallée profonde et boisée. À Estables, la petite église romane de grès rouge abrite une vierge noire du XIIIe siècle, et à Saint-Laurent, un musée est consacré au poète occitan Jean Boudou : on lui rend un hommage annuel lors d’une messe en lenga nostra dans la chapelle champêtre Saint-Ferréol, un peu plus loin sur les bords du Lot.
Saint-Geniez d’Olt & Sainte-Eulalie d’Olt
La route prend de la hauteur à Pomayrols, dominé par son château, qui abrite un mini-musée d’objets agricoles anciens, puis la vallée s’élargit un peu en arrivant à Saint-Geniez.
Une légende racontant qu’une marmotte avait sauvé deux enfants d’une forte crue, les habitants de Saint-Geniez ont hérité du nom de “Marmots”. Florissante cité drapière, la ville devient l’une des plus importantes du Rouergue au XVIIIe siècle, exportant sa production jusque dans le Nouveau Monde. Elle garde de ce passé une architecture riche, dont les Augustins et leur cloître, l’église ou encore les beaux hôtels particuliers qui bordent les rues de la rive gauche. Après la crise du phylloxéra, la ville se spécialise dans la fraise “sannié” — du nom de la famille qui se lança la première dans sa production —, qui atteint 625 tonnes en 1958, puis aujourd’hui dans la brasserie : la ville en compte deux, la Brasserie d’Olt et la Beau Soleil. Saint-Geniez, qui est l’une des portes aveyronnaises de l’Aubrac, accueille fin mai les troupeaux en transhumance vers le plateau.
L’appellation de “Plus Beau Village” va comme un gant à Sainte-Eulalie, à 3 kilomètres de là. On tombe sous le charme des maisons à pans de bois et galets du Lot lovées autour de l’église romane et fortifiée. Le long de rues pavées et fleuries, vous trouverez un bel hôtel Renaissance, un moulin à roue du XVIIe siècle, un musée dédié au peintre Marcel Boudou, ou encore un château du XVe. Enfin, plusieurs artisans d’art — céramiste, verriers, styliste, potière — ont adopté le village.
Le lac de Castelnau-Lassouts-Lous
La vallée se resserre ensuite mais la rivière s’élargit jusqu’au barrage de Castelnau-Lassouts, achevé en 1948, pour devenir un lac de 15 kilomètres, réputé pour ses carnassiers et très apprécié des carpistes, dont les villages de Lous et Cabanac sont les repaires. Une piste de 33 kilomètres permet d’en faire le tour et de découvrir Mandailles, bâtie sur une arête le long d’une seule rue, ainsi que le Carré de vie, habitat autonome flottant inauguré en 2019.
Un peu plus loin, au flanc d’une vallée, l’église et l’ancien prieuré du Cambon valent le coup d’œil.
Saint-Côme d’Olt, encore l'un des Plus Beaux Villages de France
Après le barrage et quelques gorges, la vallée s’ouvre sur Saint-Côme, autre Plus Beau Village. La cité, qui ne gagne son appellation d’Olt qu’en 1958, est située sur l’antique voie de Toulouse à Lyon et sur le chemin de Saint-Jacques. Elle est bâtie sur un petit plateau dominant la rivière, au milieu d’anciens domaines gallo-romains : Amiac (la Bouysse) et sa chapelle romane du XIe siècle, où un hôpital accueillait les pèlerins, Lévinhac, et Malet, résidence des doms d’Aubrac et ancien domaine viticole important, devenu un couvent.
Le château de Saint-Côme, résidence et salle de justice (aula) des seigneurs de Calmont, est cité dès le XIIe siècle, tout comme Malet. L’édifice actuel, remanié, date du XIVe siècle et possède deux fortes tours défensives. Dans le style gothique flamboyant, l’église a été édifiée en 1532 par Salvanh. Son fameux clocher tors fait la fierté des Saint-Cômois, de même que l’enceinte circulaire du bourg, dont il reste les trois portes médiévales, les fossés ayant été transformés en “tour de ville”. En prise direct avec le plateau, Saint-Côme est depuis toujours une étape de la transhumance vers Aubrac.
Rive gauche, sur la commune de Lassouts, se trouve l’impressionnant clapas de Thubiès : qualifié de “coulée de lave”, il s’agit en fait de l’érosion d’un dyke basaltique. Le château de Roquelaure, tout proche, est lui-même bâti sur un neck. C’est de ce petit coin que Clément Cabanettes est parti fonder la colonie aveyronnaise de Pigüé en 1884. Sur l’autre rive, le fort médiéval de Flaujac et l’abbaye de Bonneval se cachent dans la profonde vallée de la Boralde Flaujaguèse.
Espalion, ville du scaphandre
La ville d’Espalion, dominée par le château de Calmont, étale au fil de l’Olt le panorama de grès rouge du Vieux Palais et d’un pont presque millénaire. Un scaphandrier de bronze émerge étrangement de cette carte postale, car c’est là qu’au XIXe siècle Rouquayrol et Denayrouze ont mis au point le premier scaphandre autonome. C’est pourquoi la ville s’enorgueillit de posséder le seul musée consacré au scaphandre : il est installé depuis 40 ans dans une église du XVe siècle qui servit successivement de halle, d’hôtel de ville, de salle de classe, de bains publics et d’entrepôt. Berceau des quilles de huit, le sport “national” des Aveyronnais, l’ancienne sous-préfecture possède un beau patrimoine, dont la très belle église romane de Perse ou encore la maison d’Assézat.
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D’Estaing à Entraygues
Des deux côtés de la large vallée s’égrènent maintenant les villages de Coubisou, Verrières et Saint-Pierre de Bessuéjouls, présentant églises romanes, jolies maisons fortifiées ou manoirs. À Coubisou, la Maison de la Vigne, du Vin et des Paysages d’Estaing rappelle la vocation viticole de ces coteaux, relancée par la plus petite AOP de France, le Vin d’Estaing. Après quelques méandres, le site d’Estaing apparaît dans une conque d’eau et de verdure, dominé par son fameux château, aujourd’hui propriété de Valéry Giscard d’Estaing. Comme Saint-Côme et Sainte-Eulalie, et Conques un peu plus loin, Estaing bénéficie du label des Plus Beaux Villages. Une appellation méritée, avec ses ruelles et maisons médiévales et son pont classé, comme celui d’Espalion, à l’Unesco. La statue de l’évêque François d’Estaing y veille sur les pèlerins en route pour Saint-Jacques.
Ici le Lot s’élargit en un lac de 6 kilomètres jusqu’au barrage de Golinhac, où il entre dans de belles gorges jusqu’à Entraygues, la bien nommée, puisque son nom signifie “entre les eaux”. La confluence de la Truyère et du Lot se fait au pied du château, qui borde la ville médiévale et ses belles maisons à pans de bois. Des 3 ponts, 2 datent du XIIIe siècle et celui qui franchit la Truyère est classé. Jusqu’au début du XXe siècle, les gabarres remontaient jusqu’au port d’Entraygues, amenant notamment l’estofi, le stockfish qui, accomodé avec des pommes de terres, devient l’estofinade.
Espalion est à 30 kilomètres de Rodez et se situe à peu près à mi-chemin d’Entraygues et de Saint-Geniez, cette dernière à 20 minutes de l’A75.
Les activités de pêche et de pleine nature, canoë, kayak, paddle, se pratiquent dans toute la vallée du Lot (www.tourisme-aveyron.com).
Xavier Palous, le Bulletin d'Espalion, en partenariat avec le Journal de Millau, le Villefranchois et le Conseil départemental de l'Aveyron.
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