On arrivait à Roquefort par là (1). Vous êtes ici devant l’église, au carrefour de la rue de la Fontaine et de l’avenue de Lauras. Elle n’était qu’un chemin de terre, alors que la rue de la Fontaine, elle, était «encaladée». C’est-à-dire, bâtie de galets posés debout pour que les animaux de trait s’accrochent à la pente. Il n’y avait rien de bâti en dessous de ce carrefour, à l’exception de la ferme du Mas. L’église et toutes les constructions qui sont dans son prolongement vers l’est n’existaient pas. Si vous levez les yeux vers le sud-est, vous voyez de hautes murailles où s’agrippent une calade et un escalier. Là, on entrait dans le saint des saints : le hameau des caves. Dans les années quarante, ces murailles servaient encore de fondations à des habitations de plus de cinq étages (2).
Dans le coude que fait la calade vers l’ouest, se trouvait le haut porche que l’on voit sur la gravure de 1810. On en perçoit encore le jambage gauche (3). Ce porche s’ouvrait en souterrains sur la place des caves. En bout de l’escalier à gauche, vous redescendez au niveau de la tour néo-moyenâgeuse (4). Là, en vous retournant vers l’ouest, vous auriez pu apercevoir cette image. Elle date des années vingt. La croix est toujours là, mais le clocher de l’église a changé au cours des années cinquante.
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Revenez vers l’escalier que vous avez déjà emprunté et en vous retournant vers la grande arche, marquée de l’ovale Société, vous auriez pu voir en 1870 cette image (5).
Ce qui est aujourd’hui la Cave de la Rue, était alors la rue des Caves où l’on accédait en débouchant du porche décrit au point trois. Avant 1842 se concentraient entre ces deux énormes rochers : le rocher Saint-Pierre à gauche et le rocher de Trémoulet à droite, une vingtaine de caves d’affinage, quelques habitations et quelques remises. Au XVIIe siècle, c’étaient les seules caves à Roquefort même, à deux ou trois exceptions près. En 1842 sera créée la Société Civile des Caves et des Producteurs Réunis qui deviendra la Société des Caves. Elle créera de part et d’autre de la rue des Caves, la Cave de la Rue. A gauche du porche, empruntez la rue de la Créance qui s’insinue en pas-d’âne. Ce sont de longues marches à faible pente, dallées aujourd’hui. Elles étaient aussi encaladées comme la rue de la Fontaine car une grande part du fret était effectué par des animaux de bât : ânes, mules et mulets, voire même des bœufs, car les pentes étaient raides pour accéder au site (6). A votre droite, un peu plus haut en montant, vous trouverez une belle porte ouvragée du XIXe siècle. C’était l’entrée de la Créance qui devait être un service comptable. Ce bâtiment a pu servir de fondation à un réduit fortifié qui coiffait le rocher Saint-Pierre (7). Montez encore de quelques mètres et prenez à gauche pour descendre à l’arrière de la mairie où se trouvait l’église jusqu’à la première moitié du XIXe siècle. Tout ce qui est en deçà de la rue qui longe la façade de la mairie n’était pas encore construit. Le chemin de Tournemire descendait par une calade remplacée par des escaliers après le remblaiement de l’avenue François Galtier (ancien chemin de Roquefort à Lodève) (8).
Il vous faut remonter maintenant la rue Saint-Pierre jusqu’au dessus du parking de la visite des caves. A votre gauche, le chemin du vieux cimetière et à votre droite, vous pouvez accéder à la Chapelle Saint-Pierre en passant devant la cave Reynès (Cave des Saveurs) qui marquait la limite est du hameau encore au début du XIXe siècle (9). Vous voilà arrivés à la table d’orientation au sommet du rocher Saint-Pierre. Là, vous pouvez mesurer l’extension exponentielle du hameau d’environ 200 mètres de front bâti en 1810 à guère moins de 2.000 mètres en 1870. Des caves se sont creusées tout le long des effondrements et des glissements en masse qui constituent les piémonts du Combalou. Le développement de l’industrie fromagère favorisera de nombreuses autres industries : mégisseries, ganteries, filatures, productions hydro-électrique… qui limiteront plus qu’ailleurs l’exode jusqu’au début du XXe siècle comme l’explique Yves Couderc dans son livre «Nos trois ors blancs». Si vous prenez rendez-vous au Saloir vous en en découvrirez plus encore sur l’histoire de Roquefort et du Roquefort. Ce Centre de ressources et de valorisation communal rassemble des publications, des recherches, des objets, des collections… tout ceci au travers d’une méthodologie participative ! Approchez-vous donc ! Il se situe à votre point de départ à gauche de l’église (1).
Aurélien Trompeau, le Journal de Millau, en partenariat avec le Bulletin d’Espalion, le Villefranchois et le Conseil départemental.
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