Si Calmont d’Olt — que l’on peut traduire par “mont chauve”, complété par le toponyme ancien désignant le Lot — est cité dans le cartulaire de Conques dès 883, le site était vraisemblablement déjà occupé au néolithique, et une nécropole mérovingienne du Ve siècle y a été découverte en 2015. L’édifice actuel peut être daté du début du XIe siècle dans sa partie haute, couronnée d’un donjon en basalte, et du XVe siècle pour son enceinte basse flanquée de huit tours. Parfait témoignage de l’adaptation de l’architecture militaire médiévale à l’évolution des techniques de siège, Calmont s’est fait une spécialité des animations qui font la part belle aux trébuchets, bombardes et autre couillards.
Un peu d’histoire
Lieu de pouvoir féodal, Calmont d’Olt à donné son nom à une lignée de barons issus de l’administration carolingienne. La position stratégique de leur forteresse leur permet de contrôler le passage du Lot, sur la route de Toulouse à Lyon, et leur influence s’étend sur tout le Haut-Rouergue et ses limites, où ils sont en concurrence, notamment sur l’Aubrac, avec les baronnies voisines du Gévaudan et d’Auvergne. Ce sont eux qui donnent aux cisterciens les terres pour installer l’abbaye Notre-Dame de Bonneval et, en 1278, Raymond de Calmont, alors évêque de Rodez, pose la première pierre de la nouvelle cathédrale. La baronnie de Calmont passe ensuite aux mains de plusieurs familles, dont les puissants Castelnau, en trois branches successives, les Castelnau-Bretenoux, du Quercy, les Castelnau-Caylus, originaires de Saint-Affrique, et les Castelnau-Clermont-Lodève. Une lignée qui donnera des évêques à Rodez et à Cahors, ainsi qu’un gouverneur de Guyenne et Capitaine général en Languedoc pendant la Guerre de Cent Ans, Jean 1er de Castelnau-Calmont. À la limite des possessions anglaises et françaises, les Castelnau jouent un rôle important en Quercy et en Rouergue, avec leurs forteresses de Bretenoux et de Calmont, cette dernière étant remaniée durant la guerre pour s’adapter à l’artillerie.
À l’origine, Calmont était, en plus de ce qu’il est convenu d’appeler un “château fort”, un lieu de pouvoir et d’habitat seigneurial, avec son donjon caractéristique, doublé d’une tour de grès rouge, dite “tour-longe”, plus ancienne que le donjon actuel. Il semble que la vocation militaire ait pris le pas sur l’habitat dès le XIVe siècle et que les Castelnau-Bretenoux lui préféraient, lors de leurs séjours rouergats, leur demeure de Saint-Côme, où un château est attesté dès le XIIe siècle, et qualifié d’aula, salle de justice et d’apparat, en 1226.
Difficile d’accès, Calmont conservera une utilité purement militaire avant d’être abandonné au XVIIe siècle et de tomber peu à peu en ruine.
De Michel Bras à Thierry Plume, l’histoire continue
De son passé militaire déchu, Calmont conservait une position à la fois dominante et difficilement accessible. Il a servi plusieurs fois de base à des faux-monnayeurs au XVIIIe siècle. Sur une gravure de 1833, on le voit déjà très ruiné et accueillant un berger et ses chèvres. En 1943, le site est “inscrit”, mais il faut attendre 1974 pour voir émerger un projet qui aurait pu changer la face d’Espalion : Marcel Bras, restaurateur à Laguiole, achète le château avec l’intention d’y ouvrir un restaurant qu’aurait tenu son fils Michel. Ne remportant pas l’adhésion locale ni celle des pouvoirs publics, l’établissement ne verra pas le jour et les ruines de Calmont finissent d’être envahies par le maquis, servant de décor romantique et broussailleux à la jeunesse locale.
En 1987, c’est un autre particulier, Thierry Plume, de Saint-Côme, qui acquiert le château, qui sera inscrit au titre des Monuments historiques en 1990, puis classé en 1992. Le site est nettoyé, laissant apparaître son enceinte, et fait dès lors l’objet de fouilles archéologiques et de dégagement. En 1998, une association de sauvegarde est créée. Ouvert à la visite, le château est mis en valeur par des animations médiévales illustrant la poliorcétique, l’art du siège, avec des démonstrations de tir de bombarde, pierrière, trébuchet, couillard.
À lire aussi : Une journée (ou plusieurs) sur l'Aubrac : RD52, la Route des Lacs
Au fil des ans, de nombreux bénévoles sont accueillis sur des chantiers de restauration, et des tailleurs de pierre intégrés à l’équipe ont permis de “remonter” des pans de murailles et une partie du donjon. Une maquette du château y est exposée, ainsi que des armures et des objets trouvés lors d’autres chantiers, archéologiques ceux-là, qui ont permis de dégager plusieurs mètres de remblais et de rendre au château un peu de son aspect initial.
Aujourd’hui, les visites, assurées par une équipe de passionnés en costumes médiévaux, portent sur la vie quotidienne au Moyen Âge, en immersion et en cassant les clichés, et sont complétées de démonstrations d’archerie (arc et arbalète) et d’armes de siège, et par des combats. Au fil d’animations tout public teintées d’humour, on apprend une foule de choses sur une époque méconnue et sur l’histoire de la région. Jusqu’aux panneaux d’interprétation de la terrasse du donjon, qui offre une vue panoramique sur la ville d’Espalion, la vallée du Lot et l’Aubrac. Grâce à Thierry Plume et aux bénévoles de l’association de sauvegarde, Calmont a retrouvé son rayonnement et fait partie de la Route des Seigneurs du Rouergue, qui regroupe une trentaine de châteaux.
Ouvert de début avril à début novembre. En juillet-août, tous les jours de 10h30 à 19h30. 11h-13h : Visite guidée suivie d’une démonstration d’archerie puis des tirs de la pierrière et du trébuchet. 14h30-16h30 : la vie quotidienne suivie d’une visite guidée thématisée se concluant par le tournoi d’archerie. 17h30-19h : Drôle d’artillerie, spectacle.
Parcours du chevalier pour les enfants, costumes, jeux en accès libre. Animations pour les enfants à halloween et Pâques. Tarif juillet-août : adulte 9€ - enfant (5-15 ans) 7€50 (5€50 et 4€50 le reste de l’année). Pass famille (2 adultes, 2 enfants) 29€ juillet-août (16€ le reste de l’année).
www.chateaucalmont.org
www.seigneurs-du-rouergue.fr
Xavier Palous, le Bulletin d'Espalion, en partenariat avec le Journal de Millau, le Villefranchois et le Conseil départemental de l'Aveyron.
À lire aussi :
Tourisme en aveyron 1/6, L'imprenable forteresse de Najac
Tourisme en Aveyron 2/6, Comme des gouttes de pluie, visitez la Couvertoirade
Tourisme en aveyron 3/6, Calmont d'Olt, forteresse du Haut-Rouergue
Tourisme en aveyron 4/6, La Chartreuse Saint-Sauveur, joyau de l’art gothique
Tourisme en aveyron 5/6, Roquefort, du hameau troglodyte au site industriel
Tourisme en aveyron 6/6, Entre causses et Aubrac, virée en vallée d’Olt
#tourisme #aveyron
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.