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Tourisme en Aveyron 2/6. Comme des gouttes de pluie, visitez la Couvertoirade

Aveyron.

Les mers fossilisées appelées Causses se sont constituées de sédiments déposés sur les fonds marins il y a 150 à 180 millions d’années. Les parcours de ces océans pétrifiés sont comme des croisières au milieu des terres. Les îles ici sont les rares points d’eau, naturels ou bâtis, qui jalonnaient ces traversées lapidaires. Les recueils de la pluie y sont comme des objets d’un culte.

Tourisme en Aveyron 2/6. Comme des gouttes de pluie, visitez la Couvertoirade
La Couvertoirade, cité templière fortifiée. - Didier Aussibal

La Couvertoirade rassemble en condensé tous les outils qui participent à cette quête. Son nom déjà, Couvertoirade ou «Couverturade» sur la carte de Cassini du XVIIIe siècle, viendrait du latin «coopertura», couverture, qui d’après Jean Delmas, ancien directeur des Archives de l’Aveyron, qualifierait un toit citerne. Un toit citerne, quèsaco ? C’est un bâtiment plus particulier au Causse du Larzac et au Causse Noir qui est voué exclusivement à la récupération et au stockage de la pluie. Pierre Bouloc nous a fait découvrir comment toute l’organisation de la cité collabore avec ferveur à cette rituelle quête.

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Je vous invite à visiter la Couvertoirade métamorphosée en goutte de pluie.
Si goutte, vous tombez sur le Rédounel (1) qui domine à l’est le village, accentué par le moulin à vent, vous vous infiltrerez par réseau souterrain de failles et de fissures jusqu’aux Conques (2). Ce sont des citernes incluses dans le rocher qui fonde le bas côté nord de l’église.
Les sources sont très rares sur les causses, il en existe quelques-unes au droit d’affaissements géologiques comme à L’Hospitalet. Ces ruptures libèrent l’eau bloquée par des strates plus imperméables. Ici, elle ressort au-dessus des Conques et s’infiltre encore discrètement, à l’ouest, sous le rocher qui fonde l’église (3). Cette source, même scrupuleuse, a été un des arguments majeurs aux occupations humaines d’abord éphémères et puis de plus en plus pérennes.
Si vous êtes une goutte tombée sur le toit de l’église (4) vous glisserez sur les lourdes lauses et rejoindrez vos congénères au fond de ces Conques.
Les Templiers avaient pour vocation la protection des pèlerins. Ils s’implantent à la Couvertoirade sur le chemin de La Rouge, qui par Saint-Guilhem le Désert allait croiser le chemin de Saint-Jacques en provenance de Saint-Gilles. Pour les périodes d’insécurités ou d’épidémies, les généreux habitants ont fait aménager plus tard le Don de l’eau pour les pèlerins et les voyageurs. Un puits ouvert à l’aplomb des Conques (5) permettait d’alimenter un versoir creusé dans la pierre et traversant les remparts (6).
Si vous êtes une goutte de pluie tombée sur le toit d’une maison du village, là vous serez récupérée en façade au moyen de «canals» (chenaux). Ces canals étaient taillés dans de longs mœllons de calcaire ou des troncs de pin sylvestre. Ils étaient supportés par des pierres en encorbellement scellées dans les murs gouttereaux. Là, vous ruissellerez jusqu’à un avaloir versant dans des citernes incluses dans les «balets» (escalier et terrasse extérieurs) ou sous les voûtes des caves et des bergeries (7). On comprend mieux pourquoi les lauses ou les tuiles débordent peu aux gouttières.
Si vous êtes une goutte de pluie tombée à la tour d’entrée nord, alors là vous allez voyager ! Tout a été organisé pour vous faire converger (9) avec vos pareilles tombées sur la cité, vers la «lavonha» intérieure qui a été comblée au début du vingtième siècle pour des raisons sanitaires (10). Puis un trop-plein enterré vous canalisera vers l’extérieur sud des remparts (11) où vous rejoindrez un canal ouvert en bord de route depuis la tour ouest (12).
Après ce long pèlerinage vous serez décantée et filtrée dans un bac à sable (13) avant de glisser en douceur dans la majestueuse lavogne extérieure(14). Vous aurez participé à ce rituel laïc qui est l’essence même de tous les paysages caussenards. Ils pourraient apparaître, pour les regards pressés, comme des déserts sauvages. Ne vous fiez pas aux apparences trompeuses, ces paysages portent les empreintes de quelques millénaires d’occupation humaine. Ils sont les fruits du labeur vigoureux et persévérant de ces habitants qui tiraient et tirent toujours le meilleur de ces terroirs rugueux. Ils y ont semé et y sèment encore adroit ou maladroit de modestes grains de bonheur sur terre en recueillant encore des gouttes de pluie.

Texte et plan Didier Aussibal, le Journal de Millau, en partenariat avec le Bulletin d’Espalion, le Villefranchois et le Conseil départemental de l'Aveyron

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#tourisme #aveyron

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