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Tourisme en Aveyron 1/6. L’imprenable forteresse de Najac

Aveyron.

Dressé au promontoire de la colline, dominant et surveillant la vallée de l’Aveyron, la forteresse de Najac est le phare du village qui rayonne depuis un millénaire en tête de proue sur la contrée, dont les pierres racontent les vicissitudes et les secrets d’une histoire mouvementée.

Tourisme en Aveyron 1/6. L’imprenable forteresse de Najac
La forteresse et le bourg castral tout en longeur sur son arrête rocheuse. - Dominique Lhomme

Niché sur son nid d’aigle stratégique, le château inviolable au cachet militaire affirmé, existait déjà vers 960-980 à en juger par la présence d’un Bernard de Najac fils d’Umbert, le surnom de lieux accolé au prénom étant la marque de départ de véritables lignages castraux.
Les documents du XIIe siècle évoquent l’importance de ce château en tant que verrou de la vallée, d’où les convoitises qu’il suscita.
En 1182, Philippe Auguste, affirmant sa suzeraineté sur le Midi toulousain, donne Najac en augment de fief à Raymond V de Saint-Gilles, puis quelque temps après, en 1185 le comte de Poitiers Richard, fils d’Henri II, roi d’Angleterre, s’en empare. C’est là qu’en avril il compose avec le roi Alphonse d’Aragon pour sceller avec lui une alliance contre le comte de Toulouse.
Najac reviendra à Raymond VI lorsque en 1196 il signa la paix avec les Anglais, ayant épousé Jeanne, sœur de Richard, devenu roid’Angleterre.
Bien que Simon de Montfort soit venu à Laguépie et à Saint-Antonin pendant la guerre des Albigeois pour mater l’hérésie cathare, le château ne semble pas avoir été pris puisqu’en 1219 il est toujours aux mains de Raymond VI puis laissé à son fils au Traité de Paris (1229).
Avec la paix de Lorris (1243) le roi Saint-Louis en prendra possession pour 5 ans avant de le restituer au comte de Toulouse en 1248.
Raymond VII rattache alors Najac au domaine comtal en prenant soin d’éliminer les coseigneurs qui le tenaient en fief, se méfiant de ses vassaux.
En 1227, il leur avait fait signer un serment de fidélité dans sa lutte contre le roi, leur avait fait reconnaître deux ans après sa suzeraineté sur le château et avait obtenu l’abandon de leurs droits. C’est ainsi qu’en 1231 et en 1246 Guiral et Guilhem de Cadoule lui vendirent le château et la seigneurie de Najac, au point qu’en 1246 le comte établit un baile.
Or, cette politique mécontentait les nobles et les habitants du mandement qui, se sentant visés dans leur indépendance, profitèrent de la mort de Raymond VII en 1249 pour tenter de secouer le joug.
Le comté de Toulouse et de Rouergue passa à sa fille Jeanne, puis par mariage avec Alphonse de Poitiers, frère de Saint-Louis, un grand pas vers l’annexion à la couronne royale était franchi.
La révolte gronda alors à Najac où la population se souleva, entraînée par les anciens seigneurs et nobles du pays, lesquels finirent par se faire livrer les clefs du château jurant «ne pas se laisser soumettre à un prince étranger».

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En janvier 1250, Alphonse de Poitiers viendra en personne à la porte de la forteresse afin d’obtenir la soumission des rebelles. L’un des conjurés, Huc Paraire, fut brûlé comme hérétique, puis face à la répression tout rentra dans l’ordre, si bien qu’en 1255 Alphonse accordait aux consuls et aux habitants de Najac une charte de coutumes.
Pour dissuader tout nouveau soulèvement mais aussi pour parer aux incursions des Anglais, il décida de reconstruire le château en le dotant des derniers perfectionnements de l’art militaire. Dans une missive de 1253 son sénéchal, Jean d’Arcis, lui fait le compte rendu des premiers travaux : «J’ai rassemblé les matériaux nécessaires, pierre et chaux, et embauché les ouvriers».
On ignore cependant quand a été terminée la construction qui coûta la coquette somme de plus de 16.000 livres tournois.
À la mort d’Alphonse en 1271, n’ayant pas d’enfant, ses Etats furent réunis à la couronne et Najac, promu au rang de châtellenie royale, continua une existence plus paisible.
La place forte va démontrer toute son importance au cours de la guerre de Cent Ans, quand en 1351 les Anglais envahissent le Rouergue et s’emparent de Saint-Antonin.
Le lieutenant du roi Jean d’Armagnac ordonne que les forteresses de la région soient mises en état de défense.
Or Najac, clef de tout le pays, se trouvait dépourvu de munitions et de machines de guerre. Le sénéchal de Rouergue y fait parvenir «25 balistes, 20 pavois, 20 lances et 4.000 carreaux». Face à cet arsenal, les Anglais n’attaqueront pas Najac mais en prendront le contrôle en 1362 lorsque la paix de Calais leur livrera le Rouergue en entier.
La population se soulèvera pour les chasser en 1368 y parvenant difficilement, mais la paix ayant été rompue en 1394, devant la menace, le roi fera «réparer et approvisionner le château».
L’histoire du château rebondit en 1572, année de sa prise et de son pillage par les Huguenots.
On le retrouve dans l’actualité en 1643 au moment de la révolte des croquants qui iront dérober un canon au château.
La Révolution le vendra au titre de bien national, les habitants en tireront des pierres de taille en le transformant en ruine, seule l’horloge communale placée au sommet du donjon lui épargnant une destruction complète.
L’abbé Brunis fera créneler la tour et construire le perron qui donne accès à la cour, sauvant ce monument classé en 1925, avant que les propriétaires successifs ne lui redonnent une vie et toute sa splendeur médiévale.
La forteresse royale est ouverte tous les jours de 10h30 à 13h et de 15h à 18h30 jusqu’à la Toussaint (dernière entrée une demi-heure avant fermeture) Réservation : 05.65.29.71.65.

Une forteresse imprenable

À Najac l’architecture militaire est poussée à son paroxysme au terme d’une construction du château étalée sur seulement 10 ans, par le travail de 2.000 ouvriers qui ont fait surgir ce colosse de pierre dissuasif pour les ennemis. L’épaisseur hors norme des murailles et l’élévation des 40 mètres du donjon percé d’archères — les plus hautes au monde (6,80 mètres de longueur), permettant de battre toutes les directions, en font le symbole de la puissance et de la domination d’Alphonse de Poitiers, comte de Toulouse et de Rouergue.

Éric LASCHON, Le Villefranchois, en partenariat avec le Journal de Millau, le Bulletin d’Espalion et le Conseil départemental.

 

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