En 2013, la bande boisée des Bouals, entre le Royal et le col d’Aubrac, sur un terrain privé, avait été coupée à ras, de même qu’une autre autour de l’embranchement de la route de Saint-Urcize entre Aubrac et les pistes de Laguiole. Dans le même secteur, en 2018, sur des terrains appartenant à la commune de Curières, une nouvelle coupe avait lieu. Plus récemment, au mois de mars, une bande boisée était également coupée deux kilomètres avant Aubrac.
Enfin, ces dernières semaines, c’est la bande de résineux de l’entrée sud d’Aubrac qui était rasée (voir photo), peu importante par sa surface, mais modifiant notablement l’entrée ou la sortie du village, selon d’où l’on arrive. Dans le même temps, toute la bordure de la route entre le Fer à Cheval et La Cessat, avant Nasbinals en venant d’Aubrac, a disparu, modifiant la paysage de manière impressionnante. Aux Enguilhens, commune de Condom, c’est la bande boisée d’1,7 km qui longeait la piste du buron du haut qui a également été rasée.
Des coupes qui s’expliquent par l’âge des épicéas, une cinquantaine d’années, voire plus, et la perte d’efficacité en tant que pare-congères ou pare-vents, quand les parties basses des arbres se dégarnissent. Ces bandes boisées, dont on estime la longueur à une centaine de kilomètres, sont composées d’épicéas et de douglas, espèces non endémiques du plateau, et ont été plantées à partir des années 60.
En ce qui concerne les Enguilhens (bande coupe-vents), Curières et Nasbinals (coupe-congères), les bandes seront reboisées — avec, selon les sites, l’aide ou le suivi du Parc Naturel Régional, en collaboration avec Natura 2000 et l’ONF (à Nasbinals). Les résineux seront remplacés par au moins 75% de feuillus (alisiers, sorbiers, etc.) plus adpatés à la région et plus faciles d’entretien.
Quand le paysage change...
Que le paysage change du fait de l’Homme, c’est-à-dire de manière “brutale”, entraîne forcément des réactions. Il faut reconnaître que quand on a toujours connu une route bordée de “sapins” (pardon, d’épicéas !), on peut se sentir dépossédé de ne plus les retrouver. Pour les “sapins” de l’Aubrac, il y a plusieurs écoles : les plus de 70 ans retrouveront peut-être un paysage ouvert, alors que les moins de 50 auront le sentiment d’être dépossédés du décor de leur enfance. Alors que les anti-“sapins” qui n’ont pas grandi sur place, dénués de nostalgie, rappellent que les résineux ont été implantés artificiellement.
Tout le monde a un peu raison et de toute façon, boisé, déboisé, reboisé, l’Aubrac n’est pas figé. À Nasbinals, comme le dit justement le maire Bernard Bastide, la coupe a révélé des points de vue perdus depuis un demi-siècle. Il compte d’ailleurs en conserver quelques-uns en ne reboisant pas intégralement la bande.
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