En lançant les Rencontres des Cépages Modestes, Philippe Meyer, qui s'appuyait alors sur l'association pour la Renaissance du Vieux-Palais, dont il est toujours le président, est allé au plus simple en faisant le choix de Saint-Côme : le couvent de Malet, dont l'Espace Angèle Mérici offre auditorium, hébergement et restauration à quelques kilomètres d'Espalion, était l'écrin idéal pour la poignée de passionnés qui allaient s'y réunir le temps d'un week-end.
Un choix subliminal peut-être, dans une région à l'histoire viticole riche et ancienne : les moines d'Aubrac avaient fait de Malet leur résidence et la cave du plateau, et un cépage presque oublié, le Rousselou, inscrit au catalogue officiel, porte le nom Saint-Côme, qui comptait jusqu'à 350 hectares de vignes au milieu du XIXe siècle.
D'une trentaine en 2011, ces amateurs de vins et de vigne se sont vite retrouvés à l'étroit chez les Ursulines. D'où le choix de migrer vers la salle des fêtes du village en 2014 : les Rencontres regroupent alors jusqu'à 140 vignerons, chercheurs, journalistes et spécialistes. Leur dada ? L'ampélographie, c'est-à-dire l'étude des cépages, mais dans ce qu'elle a de plus noble, la connaissance et la conservation des cépages anciens ou méconnus.
Le but initial des Rencontres est de partager ces connaissances pour limiter l'érosion génétique de la vigne : en France, une dizaine de cépages sur les 300 inscrits représentent 70% de la surface du vignoble (contre 50% à la fin des années 50), et dans le Monde, une vingtaine de variétés de plants sur un peu plus de 6.000 représentent 80% de la production totale.
Une posture avant-gardiste et encore à la marge il y a 10 ans, mais que les vignerons d'aujourd'hui, par passion, plaisir du goût ou recherche de la formule ou de la niche en vogue, ont fait leur, à différents degrés. Réintroduction de cépages anciens, culture en mono-cépage, travail sur l'assemblage, réduction des intrants et recherche de l'authenticité sont les pistes de décollage de la viticulture d'aujourd'hui, que les consommateurs découvrent progressivement.
L'Aveyron et le Sud-Ouest, encore évoqués il y a peu sur France Inter par Antoine Gerbelle, en visite chez Jean-Luc Matha à Marcillac, font partie des terres de pratiques et d'expérimentations où excellent en toute simplicité les vignerons de nos petites AOP, et vers lesquelles lorgnent de plus en plus de viticulteurs du Languedoc ou d'ailleurs.
Bref, ces 10es Rencontres se dérouleront à guichets fermés, les organisateurs, André Deyrieux, président, Jean Rosen, vice-président, et Jean-Marc Auméras, trésorier et local de l'étape, dont les noms “totem” de cépages anciens de rigueur dans l'association sont respectivement Persan, Petit Verdot et Caladoc, ayant dû limiter le nombre de participants à 120.
Ils y reviendront, de discussions en conférences, sur les dix ans écoulés, évoqueront le défi culturel et biologique que représente la vigne, les expériences face aux changements climatiques, le Conservatoire des cépages alsaciens, le commerce des cépages modestes, découvriront des vignerons de l'Aveyron et des petites îles italiennes, tiendront leur assemblée générale (samedi à 14 heures), et bien sûr... dégusteront !
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