Cela impacte les ménages, mais aussi les entreprises. Pour Pierre Sauterel, directeur de LandèsBus, l’augmentation de l’essence "a un impact considérable sur notre activité, nous n’avons plus de marge et nous devons répercuter le prix sur nos clients".
Mais pourquoi cette inflation ?
La hausse est due à la reprise économique mondiale après la crise sanitaire. Le cours du baril de Brent (pétrole brut de référence) s’est envolé, à cause de la forte demande, passant à 83 dollars le 12 octobre 2021 contre 19 dollars en avril 2020. Le prix du baril a augmenté de 65% en 9 mois, et cette hausse pourrait se poursuivre.
Pour l’Union française des industries pétrolières (Ufip) "les prix des carburants retrouvent simplement leur niveau d’avant-Covid". Effectivement, en mai 2019, le prix du sans-plomb 95 était de 1,58 euro le litre. Mais pour le consommateur, la hausse est spectaculaire, car sur l’année 2020, le prix de l’essence était descendu à 1,25 euro le litre. De même pour le gasoil qui, avec une augmentation de près 30 centimes en un an, retrouve presque son niveau de décembre 2019. La barre de 1,50 euros avait déjà été franchie en octobre 2018, coïncidant avec le début du mouvement des gilets jaunes...
Le fioul domestique
Le fioul domestique est également touché par l’augmentation du prix du baril. Fin octobre, le prix du fioul atteint un record en passant la barre d’un euro le litre. Le 26 octobre à Rodez, la moyenne du prix du fioul est de 1,049€ pour 1.000 litres.
Cette situation est "très compliquée à vivre, ce n’est pas facile, les prix ont bien augmenté", nous confie Adam Sych, distributeur de fioul sur le Nord-Aveyron. "Les gens prennent des petites quantités, ça ne m'était jamais arrivé. Ils me demandent de payer en 3 ou 4 chèques pour 1.000 litres de fioul. On a beaucoup d’impayés, mais c’est difficile pour tout le monde".
Le gaz
Pour ce qui est du gaz, les Français ont vu les tarifs réglementés d’Engie augmenter de 12,6% depuis le 1 er octobre. Cette hausse est vécue comme une trahison du gouvernement envers le secteur routier qui a investi dans des véhicules au gaz pour limiter leurs émissions de carbone : "le secteur a investi beaucoup d’argent dans le gaz. Nous avons deux stations-service à gaz en Aveyron, celle de Braley à Rodez et celle de Galtier à Olemps. Aujourd’hui le gaz est plus cher que l’essence, les bons élèves ne sont pas félicités, ils sont sanctionnés" explique Frédéric Domenge de l’Union Départementale des Transporteurs Routiers de l’Aveyron (UDTR 12).
L’électricité
Le 30 septembre 2021, la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, a annoncé que les Français devaient s’attendre à une hausse du prix de l’électricité aux alentours de 12% au début de l’année 2022.
Ces annonces inquiètes Pierre Sauterel, dont le groupe possède des véhicules électriques : "nous sommes favorables à la transition énergétique et avons acheté des véhicules électriques, Landès Bus en possède dix, mais avec la hausse de l’électricité on ne sait pas si on va réussir à faire des économies".
Les aides
Le gouvernement a annoncé des mesures pour aider les foyers les plus modestes. Les ménages bénéficiant du “Chèque énergie” se verront automatiquement envoyer une aide exceptionnelle de 100 € en décembre 2021, qu’importe le type de chauffage.
Le jeudi 21 octobre, Jean Castex a annoncé la création d’une “indemnité d’inflation” de 100 euros pour tous les Français gagnant moins de 2.000 € net par mois. Cette somme sera distribuée à partir du mois de décembre. Elle sera versée par les entreprises aux salariés qui seront ensuite remboursés par l’Urssaf. "Nous sommes favorables à cette indemnité, mais on ne sait rien des modalités. Pour certaines entreprises cela va être difficile de faire des avances de trésorerie" confie Frédéric Domenge.
La Banque de France s’est voulue rassurante en prévoyant que cette hausse ne sera que temporaire. Mi-octobre l’Assemblée nationale a voté un “bouclier tarifaire” permettant au gouvernement de bloquer le prix du gaz tout au long de l’année 2022.
Rénov’Occitanie et le SIEDA
Pour aider les foyers aveyronnais à moins consommer, la région a mis en place le programme Rénov’Occitanie. Ce programme permet au Syndicat d’Énergies de l’Aveyron (SIEDA) d’accompagner les ménages vers une sobriété énergétique et de diminuer leur consommation énergétique.
Premièrement, le syndicat va informer les particuliers. Deuxièmement, un technicien va réaliser un diagnostic du bâtiment et faire des propositions chiffrées. Enfin, le Sieda continue de les accompagner techniquement, juridiquement et économiquement dans la mise en œuvre de leurs projets. Pour Guillaume Chambert, Directeur Général des Services, l’objectif est de "renseigner les ménages sur la rénovation énergétique de leurs résidences et les aider à faire des économies d’énergie".
Avec cette hausse de l’énergie et particulièrement du prix de l’essence, la ruralité a l’impression d’être oubliée. Par sa superficie, l’Aveyron est le cinquième plus grand département de métropole. Ici, pas de métro ou de tramway, mais des services de bus ou d’autocar et surtout la voiture qui parcourt de nombreux kilomètres pour rejoindre chaque jour son lieu de travail.
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