À priori, les 60.000 visiteurs attendus sur les trois jours que dure le marché étaient au rendez-vous. En moins de 5 ans, ce chiffre a progressé de 20%. Déjà le vendredi en fin de journée, la foule se pressait comme un samedi dans les rues de l'Aubrac, Gabriel Lamé et de la Nativité, dont deux sont entièrement fermées à la circulation. Et pour cette première soirée, c'était la banda espalionnaise Les Souvenirs de Nestor qui assurait la partie musicale, digne d'une feria. Un marché unique à Paris, sur lequel 70 exposants, exclusivement aveyronnais, proposent des spécialités à manger — de la charcuterie aux escargots en passant par le fromage, la viande, le miel, la pâtisserie, le pain, l'huile, les foies gras, tripous, etc. —, à boire, du vin aux bières, apéritifs et autres ratafias, mais également des produits de maroquiniers, couteliers, gantiers, ou encore issus de la cosmétique, de la savonnerie, du textile.
Ajoutez à ce beau monde un salon du livre rouergat, un rampeau de quilles tenu par le club de la Solidarité Aveyronnaise, qui a codifié le sport, en 1912, à Paris, une longue buvette et la possibilité de consommer sur place tripous (en matinée), et aligot midi et soir, tout en écoutant de la musique et vous comprendrez le succès de ce gros week-end aveyronnais. En parlant d'aligot, on n'était pas certain le samedi soir de pouvoir fournir la demande jusqu'au dimanche après-midi, sachant qu'on avance des chiffres allant jusqu'à 3.000 par jour, soit 2 tonnes de marchandise ! Mais rien de tout cela ne serait possible sans la soixantaine de bénévoles de la Fédération.
Quant aux 60.000 visiteurs, ils sont bien entendu Aveyronnais, implantés à Paris depuis plusieurs générations pour certains ou fraîchement montés pour d'autres, mais pas seulement : il y a d'abord ceux qui ont des amis Aveyronnais, qui viennent parce qu'ils savent qu'ils passeront un bon moment, et puis les habitants du quartier, qui sont envahis chaque année mais qui ont l'air de bien le vivre, et enfin des Parisiens d'un peu plus loin, attirés par la notoriété du marché. On vient rencontrer d'autres “païs”, faire le plein de saucisse, de viande ou de pain, ou tout simplement voir l'ami, le client, le cousin ou le fournisseur monté pour le week-end. On profite des facilités sur place pour boire un coup et manger un morceau, et on investit parfois l'Auberge Aveyronnaise ou le Café de Pauline, tenus par des compatriotes à proximité du marché. Ceux qui sont venus tenir un stand, après une journée de travail intense, y retrouvent les copains avant de faire une petite nuit et de rattaquer.
Mais si le marché est connu, et reconnu, c'est aussi parce que l'Aveyron a gagné en notoriété. Il fut une époque où on connaissait surtout l'Aveyronnais, dur à la tâche derrière son bar. Aujourd'hui on connaît de plus en plus son terroir, et grâce au Viaduc de Millau, on sait même à peu près où ça se trouve. Les politiques de communication du département ont porté leurs fruits. Pour preuve le “Job dating”, séance de recrutement dont c'était la deuxième édition, dans les Salons de l'Aveyron, au sous-sol de l'Oustal, l'immeuble aveyronnais de la rue de l'Aubrac : organisé par le Conseil départemental, il a permis à une trentaine d'entreprises de venir rencontrer environ 300 candidats à l'installation en Aveyron. Les com'com du département étaient également présentes, porteuses des emplois proposés par des entreprises de leurs territoires. Tous se sont accordés pour dire que le travail réalisé en amont, notamment par le biais du site “laveyronrecrute.com”, leur avait permis de collecter des candidatures sérieuses. Des témoignages de personnes installées chez nous étaient d'ailleurs également proposés.
Et pour preuve que le “marché des Aveyronnais” est incontournable, au-delà de la véritable chaleur qui s'en dégage, des rencontres et du commerce que l'on y fait, c'est que le personnel politique s'y retrouve, année élective ou pas. Les Aveyronnais, bien entendu, mais également ceux de Paris : Anne Hidalgo, comme ses prédécesseurs y vient presque chaque année, accompagnée de la maire du XII , Catherine Baratti-Elbaz. Et cette année, Benjamin Griveaux, candidat à la mairie de Paris, y était piloté par le député Stéphane Mazars.
La preuve que l'Aveyron pèse encore quelque chose à Paris.
XP
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