S‘il est aujourd'hui connu sous le nom d'Ignace-Blesmond Bernard, le futur chef d'état-major est né Jean-Ignace Bernard à Sonilhac, sur la commune de Saint-Côme, le 30 juillet 1768. Sa famille devait être assez aisée, ses parents, Jean Bernard et Louise Besombes sachant signer, et le jeune Jean-Ignace partant suivre des études à Rodez, Cahors et Figeac.
À cette époque, l'évêque de Rodez, Mgr Champion de Cicé, est nommé archevêque à Bordeaux, où le suivent des jeunes ecclésiastiques aveyronnais, dont l'abbé Jean-Antoine Bernard, frère aîné du précédent, qui enseigne la philosophie au séminaire Saint-Raphaël. Ignace le rejoint mais la Révolution éclate avant qu'il n'entre dans les ordres.
Les deux frères se réfugient à Sonilhac, et Jean-Bernard, refusant de prêter serment à la Constitution civile du clergé, est emprisonné. Ignace, que les historiens de la période qualifieront souvent d'“abbé”, retrouve d'autres Saint-Cômois avec qui il partage des idées contre-révolutionnaires : Jean-Baptiste Pons de Caylus, dit Pons-Couffoulens, et Soutouly, ou Sotholin, chirurgien.
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Saint-Côme, une “petite Vendée”
À ce moment de la Révolution, en 1792-1793, débute la Terreur. La condamnation à mort de Louis XVI, la confiscation des biens de l'Église et la levée en masse d'hommes pour aller faire la guerre hors des frontières suscite un mouvement de protestation et des chouanneries, notamment dans la région. Saint-Côme est même qualifié de “petite Vendée” par l'historien de Barrau.
Ignace Bernard et ses compatriotes participent à un premier mouvement de protestation connu sous le nom de “camp de La Panouse”, qui sera vite écrasé par les patriotes.
Les Saint-Cômois deviennent les meneurs d'un mouvement centré sur la paroisse du Cambon, Castelnau, Mandailles, Saint-Côme et Saint-Geniez et suivront Charrier, notaire à Nasbinals et député du Tiers-État. Ils feront partie des lieutenants de son Armée chrétienne du Midi, qui prendra successivement Marvejols, Mende et Chanac en mai 1793. Ignace Bernard y est connu sous le nom de “Mons”.
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L'opération vaudra l'échaffaud à Charrier, Pons-Couffoulens et de nombreux autres. Ignace Bernard parvient à prendre la fuite. Sous un faux nom, peut-être celui de Blesmond qu'il accolera par la suite à son prénom, il s'engage dans le 2e bataillon de volontaires de l'Aveyron, et sa première campagne sera celle d'Italie.
Protégé du général aveyronnais Tarayre et de sa hiérarchie, il ne fut pas dénoncé aux autorités qui le réclamaient encore et suivit Napoléon en Égypte où il devient “adjudant-sous-officier” puis rapidement aide de camp du général Lagrange. Grâce à ses connaissances littéraires, il est également rédacteur du Bulletin de l'Armée.
Blessé et prisonnier des cosaques
Il participa ensuite aux campagnes d'Haïti et de la Dominique en 1805 avant de revenir en Europe pour celles d'Allemagne en 1808 puis d'Espagne en 1809-1810. Après diverses missions, il réintègre la Grande Armée en 1812.
En mai 1813, il est blessé une première fois d'un coup de feu en Silésie avant de recevoir deux coups de lance en août et d'être fait prisonnier par les Cosaques. Un fait d'armes qui lui vaudra d'être fait chevalier de la Légion d'Honneur.
Il retrouvera la liberté à la chute de l'Empire et continuera de servir sous la Restauration avec le grade de colonel. Après le retour de Napoléon et la défaite de Waterloo, il est nommé chef d'état-major à la demande du général Tarayre et reçoit la Croix de Saint-Louis des mains du duc de Berry. Il prendra sa retraite avec le grade de maréchal de camp (général de brigade) en 1823.
Ce n'est que 4 ans après sa retraite, en 1827, qu'il reviendra à Saint-Côme où il retrouvera son frère, fondateur du Collège d'Espalion. Lorsque la Révolution de juillet 1830 éclate, il accepte de prendre la tête de la Garde Nationale de Saint-Côme. La fin de sa vie, dans la maison bâtie en 1740 aujourd'hui intégrée à la maison de retraite, a été marquée par la mort de son frère le 24 juin 1831.
Lui-même succombe à une maladie soudaine le 7 janvier 1843. Le Bulletin d'Espalion s'en ait fait longuement l'écho le 14 janvier de cette même année, évoquant "Pierre Bras, François Capelle, Antoine Meunier et le général Bernard faisaient partie de ce carré qui fit mordre la poussière à l'armée du Pacha."
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Un livre sur le sujet : “Glorieux soldats de la Grande Armée” par Pascal Cazottes
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