Angela Merkel fêtera peut-être encore la Noël à la Chancellerie, le temps qu’émerge une nouvelle coalition de gouvernement. Les élections du 26 septembre marqueront néanmoins son départ.
Le bilan de ses seize années de pouvoir appartient à l’Histoire. Il est néanmoins un exercice obligé dans tous les médias, allemands autant qu’étrangers. En Allemagne, il est un élément du débat électoral puisque la campagne porte essentiellement sur la continuité. Qui est le mieux placé pour faire du Merkel ? Le vice-chancelier social-démocrate (SPD) semble l’emporter face au candidat de son propre parti démocrate-chrétien (CDU). C’est la preuve pour beaucoup que la Chancelière, qui a gouverné pendant douze ans sur seize un cabinet de grande coalition CDU-SPD, a plutôt penché vers le centre-gauche que vers la droite, y compris au sein de sa propre formation politique.
L’accueil des réfugiés syriens en septembre 2015 en restera certes l’illustration la plus spectaculaire. Mais cette femme qui a grandi, étudié et travaillé à l’Est, en ex-RDA, jusqu’à la chute du mur, ne partageait par nature sinon par tempérament ni l’économie néo-libérale sous couvert de doctrine catholique sociale, ni l’adhésion de cœur à l’idée européenne originelle et donc pas non plus au mythe historique de la réconciliation franco-allemande. Elle est restée longtemps comme un OVNI de la politique qui s’était enracinée à l’Ouest depuis 1945.
Cette particularité la rapprochait de Poutine dont on rappelle régulièrement qu’il était agent traitant du KGB à Dresde. C’est dans le domaine des relations avec la Russie qu’elle joua son rôle le plus important sur le plan international. Sa (dernière) volonté de ne pas céder aux pressions de Washington pour qu’elle renonce au gazoduc à travers la mer Baltique (Nord Stream 2) figurera en bonne place dans son héritage. Seule contre tous, et surtout Trump, elle s’était également affirmée comme l’interlocutrice privilégiée de Xi Jinping en Europe.
On objectera le manque de résultats concrets de cette longue présence au cœur de l’Europe. Elle a fait face à toutes les crises : la crise des traités en 2005, la crise financière de 2008, celle de l’euro de 2010, la Crimée en 2014, les réfugiés de Syrie en 2015, le Brexit et l’élection de Trump en 2016, la pandémie depuis 2019. Sa propre survie politique est son principal succès sinon le seul véritable à mettre à son actif et, avec elle, le maintien de son pays à un même niveau de prospérité alors que celui de tous les autres se dégradait. Le poids de l’Allemagne s’est donc accru pendant son règne mais comme arithmétiquement, comme sans le vouloir, sans jamais forcer le trait. La présidence Merkel restera comme un modèle de présidence « modeste », de « puissance faible », d’autorité basée sur le « compromis permanent ». On peut multiplier les oxymores. Ils définissent une tactique, une méthode, une politique au sens d’un processus, pas au sens d’une vision ou d’un projet, même pas un programme ou si peu.
Son parti, la CDU, compte parmi les premières victimes de cette personnalisation autour de la Chancelière, de son instrumentalisation à son seul service. Au-delà c’est la démocratie chrétienne et le système fédéral qui risquent de ne pas se relever de cette forme de centralisation et d’incarnation. Mais l’Europe de Bruxelles sera également fragilisée en l’absence de ce que d’aucuns ont appelé sa « boussole ». Il n’est pas certain que Macron, qui prendra la présidence des conseils européens le 1er janvier, en pleine campagne électorale, dispose des moyens nécessaires pour la remplacer. Merkel a encore dîné à l’Élysée le 16 septembre, pour la dernière fois à titre officiel, mais elle n’a pas adoubé un successeur ni laissé un héritage.
Le bilan de ses seize années de pouvoir appartient à l’Histoire. Il est néanmoins un exercice obligé dans tous les médias, allemands autant qu’étrangers. En Allemagne, il est un élément du débat électoral puisque la campagne porte essentiellement sur la continuité. Qui est le mieux placé pour faire du Merkel ? Le vice-chancelier social-démocrate (SPD) semble l’emporter face au candidat de son propre parti démocrate-chrétien (CDU). C’est la preuve pour beaucoup que la Chancelière, qui a gouverné pendant douze ans sur seize un cabinet de grande coalition CDU-SPD, a plutôt penché vers le centre-gauche que vers la droite, y compris au sein de sa propre formation politique.
L’accueil des réfugiés syriens en septembre 2015 en restera certes l’illustration la plus spectaculaire. Mais cette femme qui a grandi, étudié et travaillé à l’Est, en ex-RDA, jusqu’à la chute du mur, ne partageait par nature sinon par tempérament ni l’économie néo-libérale sous couvert de doctrine catholique sociale, ni l’adhésion de cœur à l’idée européenne originelle et donc pas non plus au mythe historique de la réconciliation franco-allemande. Elle est restée longtemps comme un OVNI de la politique qui s’était enracinée à l’Ouest depuis 1945.
Cette particularité la rapprochait de Poutine dont on rappelle régulièrement qu’il était agent traitant du KGB à Dresde. C’est dans le domaine des relations avec la Russie qu’elle joua son rôle le plus important sur le plan international. Sa (dernière) volonté de ne pas céder aux pressions de Washington pour qu’elle renonce au gazoduc à travers la mer Baltique (Nord Stream 2) figurera en bonne place dans son héritage. Seule contre tous, et surtout Trump, elle s’était également affirmée comme l’interlocutrice privilégiée de Xi Jinping en Europe.
On objectera le manque de résultats concrets de cette longue présence au cœur de l’Europe. Elle a fait face à toutes les crises : la crise des traités en 2005, la crise financière de 2008, celle de l’euro de 2010, la Crimée en 2014, les réfugiés de Syrie en 2015, le Brexit et l’élection de Trump en 2016, la pandémie depuis 2019. Sa propre survie politique est son principal succès sinon le seul véritable à mettre à son actif et, avec elle, le maintien de son pays à un même niveau de prospérité alors que celui de tous les autres se dégradait. Le poids de l’Allemagne s’est donc accru pendant son règne mais comme arithmétiquement, comme sans le vouloir, sans jamais forcer le trait. La présidence Merkel restera comme un modèle de présidence « modeste », de « puissance faible », d’autorité basée sur le « compromis permanent ». On peut multiplier les oxymores. Ils définissent une tactique, une méthode, une politique au sens d’un processus, pas au sens d’une vision ou d’un projet, même pas un programme ou si peu.
Son parti, la CDU, compte parmi les premières victimes de cette personnalisation autour de la Chancelière, de son instrumentalisation à son seul service. Au-delà c’est la démocratie chrétienne et le système fédéral qui risquent de ne pas se relever de cette forme de centralisation et d’incarnation. Mais l’Europe de Bruxelles sera également fragilisée en l’absence de ce que d’aucuns ont appelé sa « boussole ». Il n’est pas certain que Macron, qui prendra la présidence des conseils européens le 1er janvier, en pleine campagne électorale, dispose des moyens nécessaires pour la remplacer. Merkel a encore dîné à l’Élysée le 16 septembre, pour la dernière fois à titre officiel, mais elle n’a pas adoubé un successeur ni laissé un héritage.
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