L’ouverture de la pêche en rivières et plans d’eau classés en première catégorie piscicole aura lieu le samedi 9 mars. La pêche de la truite ayant été fermée depuis mi-septembre dernier, après six longs mois de privation, les pêcheurs de truites attendent ce jour avec impatience. Pour la plupart d’entre eux il symbolise le plus beau jour de l’année, il annonce les prémices du printemps et le début d’une longue et prometteuse saison. Il marque aussi les retrouvailles avec la nature, la rivière, et les amis pêcheurs.
Cette année en Aveyron et dans les départements voisins(1), les conditions paraissent assez favorables et ce début de saison semble s’annoncer sous de bons auspices : il n’y a pas eu de crues significatives depuis novembre et les truites devraient être assez bien réparties sur les différents secteurs qui sont encore en bon état écologique. Alimenté par des épisodes de pluie réguliers et quelques chutes de neige, le débit des rivières est relativement soutenu et sauf événement météo inopiné, devrait rester stable.
Néanmoins, le jour de l’ouverture est un jour particulier qui ne ressemble à aucun autre, pas seulement d’un point de vue affectif ou rituel, mais parce que les conditions ce jour-là sont radicalement différentes de celles auxquelles nous sommes habituellement confrontées au cours de la saison. Les paramètres sont de plusieurs ordres.
Météo et hydrologie
Même s’il arrive que les conditions semblent être avantageuses le jour J, l’hiver n’est pas encore terminé et les eaux souvent très froides modèrent passablement l’appétit des truites.
Si les eaux sont basses, elles sont généralement aussi très claires et la méfiance des poissons est rapidement mise en éveil. Les deux premières heures du jour qui dispensent une lumière encore faible sont à ne pas manquer, car elles risquent d’être alors les plus bénéfiques.
S’il arrive au contraire que le débit soit trop fort, la pêche deviendra difficile et peu plaisante.
L’idéal étant un temps stable, sensiblement couvert, précédé de quelques jours de redoux, avec un débit de la rivière moyen et des eaux très légèrement teintées ; on peut toujours rêver...
Choisir le bon parcours
En la circonstance, le jour de l’ouverture, la stratégie et la tactique peuvent primer largement sur la technique.
Un bon plan consiste à anticiper, en se levant tôt, et en essayant de choisir un secteur où, du moins pour un temps, vous allez être le premier à pouvoir opérer tranquillement sur quelques dizaines de mètres, voire plus avec un peu de chance.
Une solution risquée mais souvent profitable est d’opter pour un parcours éloigné des accès aisés et demandant une marche d’approche difficile, par des sentiers peu connus. Cela présente tout de même le petit risque d’avoir été devancé, aussi il n’est pas inutile d’avoir prévu un plan B, comme un retour à la grande rivière où il reste toujours quelques petits recoins inexplorés et où, au moment le plus chaud de la journée, il y a souvent un léger regain d’activité des truites.
Gérer la pression de pêche
Aucun autre jour de la saison ne voit défiler une foule de pêcheurs comme celui de l’ouverture.
Même si tous n’entrent pas en action ce jour-là, beaucoup répondent présents, arrivant des quatre coins du département, et parfois de départements voisins.
Certains viennent en groupe pour partager un moment de convivialité, d’autres pêchent seuls, plus obsédés par le résultat. Un certain nombre dorment sur place pour être aux premières loges dès l’heure légale(2) et la plupart des bons postes sont vite accaparés.
Devant une telle incontournable promiscuité, il n’est pas évident de trouver une portion de parcours libre, du moins sur les grandes rivières proches d’un accès facile. Les chances de prendre une truite sauvage sur les secteurs qui auront été pêchés voire surpêchés deviennent alors très faibles. Autant que possible, il faudra donc éviter ces zones-là, ce qui n’est pas chose aisée.
Parvenir à bien gérer cette surfréquentation est souvent, ce jour-là, le principal gage de réussite.
Une alternative, les truites surdensitaires(3)
À l’occasion de l’ouverture, sur certains parcours, plusieurs AAPPMA pratiquent des lâchers de truites “portions” dites surdensitaires.
Ces poissons sont là pour être capturées rapidement et sont souvent la cible des pêcheurs en groupes, venus simplement “faire l’ouverture” et ne recherchant pas à tout prix la capture de truites sauvages.
À condition qu’elles soient disposées à se nourrir, ces truites, souvent lâchées la veille, sont peu farouches et généralement plus faciles à leurrer que les farios natives de la rivière. Elles répondent bien à toutes les techniques de pêche et permettent de passer un bon moment en évitant la “bredouille”.
En outre, leur présence tempère pour un temps la pression de pêche sur les truites autochtones.
Les parcours No-kill(4)
Ils sont généralement moins fréquentés que les parcours autorisant le prélèvement. Ils peuvent représenter une bonne option pour les pêcheurs opérant avant tout pour le plaisir, et pour qui relâcher leurs prises n’est plus un problème, mais un état d’esprit très honorable.
La pêche sans ardillon est fortement recommandée.
Adapter son mode de pêche
Dans les eaux froides de début de saison, les truites sont peu enclines à aller affronter les rapides, où elles dépenseraient plus d’énergie qu’elles n’en gagneraient.
C’est la plupart du temps sur les postes profonds des courants moyens à lents qu’il faudra s’attarder en insistant un peu plus qu’en saison chaude.
Dans une configuration d’eaux basses et claires, qui ne facilite pas l’approche, la pêche au lancer, au vairon manié, au poisson nageur, où à la cuiller — qui permet de prospecter à distance — sera sans doute plus adaptée que la pêche au toc.
Avec des eaux un peu fortes et légèrement turbides, c’est alors la pêche au toc aux appâts naturels, ver ou teigne, qui donnera certainement les meilleurs résultats. Les poissons étant légèrement engourdis par l’eau encore très froide sont moins réactifs, il n’est donc pas inutile d’insister en faisant des dérives lentes et au plus proche du fond.
En début d’après-midi, si les conditions météo sont favorables, entre 12 heures et 16 heures, il peut se produire une éclosion d’éphémères ( Baetis ou Rhithrogena), et quelques truites opportunistes peuvent alors sortir pour venir gober en surface cette manne providentielle.
La pêche à la mouche, au fouet, peut dans ce cas s’avérer la meilleure option du jour en permettant de réaliser une pêche correcte en peu de temps.
Et même si elles ne mouchent pas, une légère hausse de température de quelques petits degrés peut suffire à ce qu’elles sortent pour se nourrir sur le fond, une nouvelle séquence de toc est donc à essayer.
Malgré tout, l’ouverture n’est jamais que le premier jour de la saison, la séance d’échauffement en quelque sorte.
Les beaux et bons jours de pêche restent à venir, alors patience et... bonne ouverture et bonne saison 2019 !
Retrouvez tous nos articles “Pêche & environnement”
(1) L’Aveyron et le Cantal font partie du club halieutique. À ce titre, tout pêcheur qui prend la carte réciprocitaire interfédérale (tarif unique de 96 €) peut pêcher dans les deux départements (cette carte permet de pêcher dans 91 départements au total). Par contre, pour pêcher en Lozère, l’un des rares départements à ne pas adhérer à cette entente, il faut s’acquitter d’une cotisation statutaire supplémentaire.
(2) L’heure légale pour la pêche commence une 1/2 heure avant le lever du soleil et s’achève une 1/2 heure aprèsle coucher du soleil.
(3) En pages 8 et 9 du livret «Pêcher en Aveyron» figure la liste des parcours sur lesquels sont pratiqués leslâchers de truites surdensitaires.
(4) Sur les parcours dit “no-kill” (“sans tuer”) tout poisson capturé doit être immédiatement remis à l’eau.On conseille également d’utiliser des hameçons sans ardillons, ou de les écraser, et d’éviter les “triples”.
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.