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La vie des rivières. Les chaussées de moulins, patrimoine hydraulique en danger (21/21)

Les chroniques.

Une chronique inédite de Jean-Pierre Henri Azéma, docteur en Géographie et consultant spécialiste du patrimoine industriel et des moulins, de l’histoire des rivières et de l’énergie. 

La vie des rivières. Les chaussées de moulins, patrimoine hydraulique en danger (21/21)
Espalion. Il n’y aura pas d’avenir pour la ville sans un respect profond du passé, sans respect du Lot et de son patrimoine hérité de nombreux siècles. La co-évolution entre les hommes et la rivière a fait la richesse de celle-ci. Le Moulin d’Olt a h

La destruction d’une chaussée et ses conséquences (3/3)


Par-delà les désordres créés localement ou en aval d’une chaussée arasée, il faut enfin considérer les implications globales de cette politique irraisonnée au niveau national.
5. Un endettement inutile de la Nation
La destruction des chaussées subventionnée… par votre facture d’eau !
Les dernières conséquences concernent financièrement tous les Français. Depuis plus de 10 ans, l’Etat a mis en place un procédé, au vrai une anomalie administrative. Pour la première fois, l’administration a subventionné, avec un système de chantage financier, la destruction du patrimoine, en l’occurrence les "chaussées de moulins". Cet argent dilapidé en pure perte, c’est autant d’argent distrait de la rénovation des réseaux d’adduction d’eau potable, et des stations d’épuration de nos communes. Guillaume Choisy, directeur de l’Agence Adour-Garonne, a reconnu sur France Inter [1] que le taux de renouvellement normal du réseau d’eau potable est de 1% par an. Actuellement il est tombé à 0,56%. La cause ? Ce sont les millions d’euros partis en fumée, consacrés à la destruction des chaussées !… Aujourd’hui, les agences de Bassin, financièrement exsangues, demandent aux collectivités de participer à ce gaspillage, de s’endetter ; 20% pour les communautés de communes et 20% pour les régions. Au final, ce sont bien les citoyens qui payent. A raison de 1 à 2 millions d’euros perdus pour chaque démolition de chaussée, et le nombre de chaussées détruites étant d’environ 6.000, c’est un endettement global inutile compris entre 4 et 6 milliards d’euros !
Outre les effets cumulés en matière de biodiversité et de lutte contre le dérèglement climatique, le résultat concret de ce désastre, c’est l’aggravation des conditions de vie écologiques dans les rivières.
6. Destruction des dernières réserves d’eau et zones humides de France
Les idéologies de la "renaturation" et du "ré-ensauvagement" prônées par des scientifiques et mouvements associatifs "écologiques et environnementaux", totalement irresponsables, nous mènent vers la désertification de la vie aquatique. Ils ne s’intéressent pas au non-traitement des pollutions chimiques, médicamenteuses, véhiculées par les cours d’eau, la piètre qualité de l’eau et le non respect, in fine, de la Directive européenne sur l’eau n° 2000/60/CE du 23/10/00. En demandant à cor et à cri la destruction des chaussées de moulins, sans études scientifiques indépendantes, ces mouvements, "scientifiques" et "associatifs" condamnent définitivement notre ressource en eau à la disparition. Cette idéologie est l’inverse de ce qui sauvera notre pays. Nous nous répétons. Il faut procéder à un stockage diffus, général, de l’eau sur l’ensemble du territoire national, par le biais de nouvelles chaussées, intégrées à nos rivières… C’est le seul moyen de lutter contre les inondations et de climatiser l’atmosphère lors des épisodes de sécheresses. C’est aussi le seul moyen de maintenir les dernières et véritables zones humides sur notre sol.
7. Destruction du potentiel historique énergétique des moulins à eau
Lutter contre le réchauffement climatique c’est aussi favoriser l’équipement des moulins à eau qui ont fourni depuis 1.200 ans l’énergie de notre économie européenne. Ils produisent une énergie renouvelable et non carbonée ! Il faudra que les Fédérations de pêche écoutent les pêcheurs de base qui savent ce que les moulins et leurs chaussées apportent à la vie des rivières et aux poissons qu’ils pêchent. Plutôt que de surinterpréter de travers la directive européenne, l’administration doit maintenant s’atteler sérieusement à la préservation des rivières, comme au traitement collectif des eaux usées et à la rénovation du réseau d’eau potable. La France a en effet pris beaucoup de retard dans ces questions, ce qui nous vaut de payer de lourdes pénalités à l’Europe, et accroît encore plus l’endettement national des Français. Bref, la politique de "continuité écologique" et de "restauration des rivières", qui programme la destruction des chaussées de moulins, c’est du "Perdant-Perdant". Il faut faire cesser au plus vite cette folie comme d’ailleurs nos sénateurs et députés semblent l’avoir admis avec "Loi Climat et Résilience", votée le 17 juin 2021, L 214-17-2 art 19 bis du "Code de l’environnement", dans laquelle le parlement a voté l’interdiction de démolir les chaussées des moulins.
[1] Cf. "Le téléphone sonne", le 9 juin 2020.
Photo : Espalion. Il n’y aura pas d’avenir pour la ville sans un respect profond du passé, sans respect du Lot et de son patrimoine hérité de nombreux siècles. La co-évolution entre les hommes et la rivière a fait la richesse de celle-ci. Le Moulin d’Olt a hissé Espalion au rang d’une des villes les plus modernes d’Europe, en 1888. Il faut sauver la chaussée et valoriser la chute du moulin.

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